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Santé

L'OMS craint une "ère post-antibiotique" où les infections courantes sont à nouveau mortelles

Les bactéries résistent de plus en plus aux antibiotiques. Une tendance qui fait craindre à l'Organisation Mondiale de la Santé que les infections courantes et de petites blessures deviennent à nouveau mortelles.

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Antibiorésistance : L'OMS craint une "ère postantibiotiques" où les infections courantes sont à nouveau mortelles

La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement, d'après l'OMS.

Andrew Brookes / Cultura Creative / AFP

L'Organisation mondiale de la Santé a mis en garde lundi 12 novembre 2018 contre la hausse dangereuse de la consommation d'antibiotiques dans certains pays, mais aussi de la sous-consommation dans d'autres régions, qui entrainent l'émergence de "superbactéries" mortelles.

Découverts dans les années 1920, les antibiotiques ont sauvé des dizaines de millions de vies en luttant efficacement contre des maladies bactériologiques comme la pneumonie, la tuberculose et la méningite. Mais au fil des décennies, les bactéries se sont modifiées pour résister à ces médicaments. Au point que "la résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale, la sécurité alimentaire et le développement", alarme l'OMS. "Pour un nombre croissant d’infections, comme la pneumonie, la tuberculose, la septicémie et la gonorrhée et les maladies d'origine alimentaire, le traitement devient plus difficile, voire impossible parfois, du fait de la perte d’efficacité des antibiotiques", avertit l'organisation, craignant l'avènement "d'une ère postantibiotique dans laquelle des infections courantes et de petites blessures seront à nouveau mortelles".

La sur et sous consommation d'antibiotiques en cause

"La surconsommation et la sous-consommation d'antibiotiques sont les causes majeures de la résistance antimicrobienne", a souligné Suzanne Hill, chef de l'unité de médicaments essentiels à l'OMS, dans un communiqué. Ainsi, les bactéries peuvent devenir résistantes quand les patients utilisent des antibiotiques dont ils n'ont pas besoin, ou bien ne terminent pas leur traitement, donnant ainsi à la bactérie une chance de survivre et de développer une immunité. Au contraire, la résistance peut également survenir "quand des malades ne peuvent pas se payer un traitement complet ou n'ont accès qu'à des médicaments de qualité inférieure ou frelatés", a relevé le rapport.

Le rapport de l'OMS, qui se base sur des données de 2015 collectées dans 65 pays et régions, montre une différence importante de consommation, qui va de 4 doses définies journalières (DDJ) par 1.000 habitants par jour au Burundi à plus de 64 en Mongolie. "Ces différences indiquent que certains pays consomment probablement trop d'antibiotiques alors que d'autres n'ont peut-être pas suffisamment accès à ces médicaments", a averti l'OMS dans un communiqué.

EUROPE. En Europe, la consommation moyenne d'antibiotiques approche les 18 DDJ pour 1.000 habitants par jour, avec en tête la Turquie (38 DDJ), soit près de 5 fois plus que le dernier du classement, l'Azerbaïdjan (8 DDJ). Toutefois, l'OMS reconnaît que son rapport est incomplet car il n'inclut par exemple que quatre pays d'Afrique, trois du Proche-Orient et six de la région Asie-Pacifique. Les grands absents de cette étude sont notamment les États-Unis, la Chine et l'Inde.

Gagner du temps

"Sans des antibiotiques efficaces et d'autres antimicrobiens, nous allons perdre notre capacité à traiter des infections répandues comme la pneumonie", avertit Suzanne Hill. "Nous devons ralentir le développement et la propagation de la résistance afin que les antibiotiques dont nous disposons continuent à être efficaces le plus longtemps possible", enjoint le Dr Marc Sprenger, Directeur du secrétariat de l’OMS chargé de la résistance aux antimicrobiens. Il conseille ainsi lorsqu'on prend un antibiotique d'aller "toujours jusqu’au bout du traitement, même si vous vous sentez mieux, parce qu’arrêter le traitement trop tôt contribue à favoriser la croissance des bactéries résistantes aux médicaments". L'OMS conseille également de limiter la propagation des infections, "notamment par la vaccination, le lavage des mains, les rapports sexuels à moindre risque et une bonne hygiène alimentaire". Autres conseils : ne jamais exiger d’antibiotiques contre l'avis du soignant, et préparer les aliments "en respectant les Cinq clés pour des aliments plus sains (les garder propres, séparer les aliments crus et cuits, bien les cuire, les conserver aliments à une température adaptée)".

Que faire à son niveau ? La réponse dans cette infographie de l'OMS, à retrouver en plus grand en cliquant ici.

Trouver de nouveaux traitements

La résistance microbienne peut toucher toute personne, à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays. L'OMS a averti à de nombreuses reprises que le monde allait manquer d'antibiotiques efficaces et l'an dernier, l'agence spécialisée de l'ONU a demandé aux États et aux grands groupes pharmaceutiques de créer une nouvelle génération de médicaments capables de lutter contre les "superbactéries" ultra-résistantes. "Le temps presse", conclut le Dr Marc Sprenger.

CG avec AFP

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