Une "super-Terre" découverte à seulement six années-lumière de chez nous

Publié le 15 novembre 2018 à 13h53, mis à jour le 16 novembre 2018 à 9h34
Une "super-Terre" découverte à seulement six années-lumière de chez nous

MONDE LOINTAIN - Découverte à la fin du XIXe siècle, l'étoile de Barnard alimentait déjà les fantasmes des auteurs de science-fiction depuis des décennies. Une équipe internationale d'astronomes a annoncé mercredi qu'elle posséderait au moins une exoplanète, une super-Terre même. Le tout à seulement six années-lumière de notre Soleil.

Dans la faible lumière de l’étoile la plus proche dans le ciel, des astronomes ont découvert des preuves d’un monde extraterrestre. Les scientifiques affirment que cette exoplanète (planète située en dehors de notre système solaire) ne ressemble à aucune autre dans notre système solaire : plus grande que la Terre mais plus petite que Neptune, elle se situe dans la zone d’habitabilité d’une petite naine rouge et sombre, portant le nom d’étoile de Barnard.

Dans une nouvelle recherche publiée mercredi 14 novembre dans la revue Nature, une équipe internationale emmenée par Ignasi Ribas, directeur  l'Institut des sciences de l'espace de Catalogne (Espagne), apporte la première preuve solide de l'existence d'une planète en orbite autour de cette voisine située à "seulement" six  années-lumière de notre Soleil (une année lumière équivaut à 9.460 milliards de km). Ce qui en ferait donc de l'Etoile b de Barnard (son nom de code) la deuxième exoplanète la plus proche de la Terre, après Proxima b - en orbite autour de Proxima du Centaure.

L'étoile de Barnard est située à seulement six années-lumière de la Terre.
L'étoile de Barnard est située à seulement six années-lumière de la Terre. - Guillem Ramisa / IEEC / Science Wav

L’étoile de Barnard est depuis longtemps considérée comme "la grande baleine blanche" de la chasse aux exoplanètes, rappelle Paul Butler, l'un des co-auteurs de l’étude. Si les astronomes s'y intéressent d'aussi prêt, c'est que les étoiles proches de nous ne sont pas légion. Et les planètes non plus du coup. Cette naine rouge ne faisant qu’un dixième de la masse de notre Soleil, elle est trop petite pour être visible à l’œil nu. Les scientifiques ont donc braqué les objectifs de huit télescopes, basés sur trois continents différents, et ont pu accumuler plus de 800 observations.

Il a fallu ensuite combiner les efforts de plus de cinquante personnes, issues de près d’une vingtaine d'instituts de recherches, pour analyser cette immense quantité de données. Pour l’heure, les astronomes ne savent pas si cette exoplanète est rocheuse, comme la Terre, ou si elle est constituée de gaz et de glace, comme Neptune. Ils estiment néanmoins que sa taille doit être au moins trois fois supérieure à celle de la Terre. Ce qui l’a place, théoriquement, dans la catégorie des "super-Terres". 

La température à sa surface serait de -150°C

L'exoplanète se situerait deux fois plus près de son étoile que la Terre du Soleil et mettrait 233 jours à boucler une révolution. Mais, comme l'étoile de Barnard est beaucoup moins chaude que le Soleil, cela place toutefois cette planète juste au-delà de la "ligne des glaces", c'est-à-dire dans une zone si froide que la présence d'eau liquide y serait impossible. La température moyenne à sa surface est probablement de -150 degrés Celsius.

La vie y est-elle alors possible ? Selon Johanna Teske,  les microbes sont des créatures résilientes. S'il y a de l'eau sur la planète et si d'autres ingrédients nécessaires sont présents, il est possible que les organismes puissent se cacher dans un océan sous la glace. Reste encore un obstacle, les astronomes ne sont pas sûrs à 100% de la présence de la planète, souligne Ignasi Ribas, principal auteur de l’étude.

Pour cette raison, elle est considérée pour l’instant comme une "candidate" plutôt qu'une découverte confirmée. "Des détections difficiles telles que celle-ci doivent être confirmées par des méthodes indépendantes et des groupes de recherche", souligne Rodrigo Diaz, astronome à l'Université de Buenos Aires et non impliqué dans la recherche, dans un commentaire pour Nature. Les données du satellite Gaia pourraient permettre de trancher dans un sens ou dans l'autre, en 2020. 


Matthieu DELACHARLERY

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