Pendant ses quelques années au pouvoir, Adolf Hitler a posé avec un grand nombre d’enfants – de sombres inconnus, pour s’attirer la sympathie et la confiance du peuple. Une photo de lui avec une petite fille s’est pourtant vendue à prix d’or. Et pour cause : sur le cliché, le dictateur pose avec une enfant juive, prénommée Rosa. Fait le moins confusant pour celui qui sera à tout jamais connu pour avoir persécuté, puis exécuté six millions de juifs.
Rosa se rend pour la première fois à Obersalzberg, petite vallée lovée dans les Alpes bavaroises avec sa mère – veuve autrefois mariée à un docteur. C’est là qu’Adolf Hitler avait installé son « nid d'aigle », une maison secondaire et quelques-uns de ses quartiers généraux. Toutes les deux ne rencontreront le Führer qu’un an plus tard, à l’occasion d’une fête organisée pour l’anniversaire de celui-ci. Coïncidence : la petite-fille partage le même jour de naissance que lui. Flatté ou amusé, il l’invitera donc dans sa maison pour, dit-on, manger des fraises et de la chantilly. C’est à ce moment-là que va naître une drôle d’amitié.
Adolf Hitler apprendra éventuellement que la grand-mère de Rosa était juive, faisant d’elle une juive à 100% selon les critères de la loi allemande de l’époque. Qu’à cela ne tienne, ils seront amis malgré tout. Ils commencent par se voir régulièrement. Pourtant, à l’époque le régime nazi a d’ores et déjà commencé à persécuter les juifs : ils sont attaqués, boycottés, ordonnés de ne fréquenter que des lieux « destinés à leur race ». Tous deux, ils s’adonnent à quelques séances photos, orchestrées par Heinrich Hoffmann, photographe personnel du dictateur. Quelques clichés du duo seront utilisés pour de la propagande, sans mentionner bien sûr que la petite fille sur les photos est juive. L’un d’eux, signé de la main du Führer, a été customisé avec quelques Edelweiss séchées – sa fleur favorite.
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Outre celui-ci, d’autres photos témoignent de leur complicité. L’une d’elles montre la petite fille, vêtue d’une robe à fleur et d’un tablier, en train d’aider Adolf Hitler à nouer sa cravate. Lorsqu’ils ne peuvent se voir, ils s’écrivent : pas moins de 17 lettres ont été retrouvées, adressées à « oncle Hitler ».
La situation devient plus compliquée en 1938, lorsque Martin Bormann, conseiller du dictateur, apprend que la petite fille est juive, et non arienne. Il interdit alors les visites et toutes formes d’interactions. « Rosa et Hitler étaient très proches, au point que le dictateur refusait qu’elle soit bannie. À la fin, il a dénoncé la petite fille et sa mère, et ces dernières ont été contraintes de rester éloignées », précise Bill Panagopulos, commissaire-priseur de la vente aux enchères, au Washington Post. Touchée par la polio, la petite fille mourra cinq ans plus tard. La photographie, elle continura d'elle utilisée dans divers manuels et livres sur le nazisme.