La puissance prouvée de l’effet placebo

Il est possible d'observer les régions du cerveau activées par un effet placebo
Il est possible d'observer les régions du cerveau activées par un effet placebo
L'efficacité réelle de l'effet placebo
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La puissance prouvée de l’effet placebo

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Découverte | Des chercheurs de l'hôpital Ambroise Paré ont montré que toute douleur quelle qu'elle soit, de la plus faible à la plus forte, peut répondre à un effet placebo. Didier Bouhassira, directeur de l'unité Inserm concernée, détaille la réalité de l'effet placebo.

L'effet placebo peut être observé quelles que soient la localisation et l'échelle d'intensité d'une douleur : de la plus faible à la plus forte. Didier Bouhassira, neurologue et directeur de l'unité Inserm "Physiopathologie et pharmacologie clinique de la douleur" de l'Hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt, nous fait part des répercussions de ce type d'effet placebo sur le cerveau :

Quand on donne un placebo à la place d'un traitement contre la douleur, on va aller activer dans le cerveau les structures qui fabriquent de la morphine. Les études les plus récentes qui s'appuient sur les techniques d'imagerie fonctionnelle et qui permettent de voir le cerveau en action ont montré qu'effectivement, quand on donne un placebo, on va mettre en jeu un certain nombre de régions du cerveau. Ces régions vont dépendre de l'effet placebo qu'on recherche.

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Qu'est-ce qui provoque un effet placebo ? 

Didier Bouhassira : Cela peut être classiquement un morceau de sucre, un peu de talc, de la chirurgie, des traitements psychologiques ou psycho-thérapeutiques, etc. Plus le traitement est censé être invasif ou efficace, plus l'effet placebo est important. Par exemple, l'effet placebo induit par la chirurgie est toujours beaucoup plus important que l'effet placebo induit par un médicament. Et l'effet placebo d'un médicament administré par la bouche est très souvent moins fort que l'effet placebo d'un médicament qu'on administrerait par voie veineuse. 

Peut-on vraiment faire de la chirurgie placebo ?

Didier Bouhassira : Oui, par exemple sur des interventions sur le cœur qui consistent à aller faire une petite ligature autour d'une artère qui irrigue le cœur. Et puis dans un autre groupe de patients, on ne fait simplement qu'ouvrir le thorax sans rien toucher ! On a constaté que les effets étaient exactement les mêmes et qu'ils étaient bénéfiques chez les deux groupes de patients. Ces effets de la chirurgie réelle ou de la chirurgie placebo durent dans les deux cas plusieurs années. 

Qu'attend-on des études en cours et à venir ?

Didier Bouhassira : L'effet placebo est un des meilleurs exemples de la relation corps/esprit, c'est-à-dire comprendre comment notre esprit et notre corps interagissent. En pratique, on utilise l'effet placebo tous les jours sans le savoir ! De toute façon on l'utilise, puisqu'à partir du moment où un patient franchit le seuil d'un cabinet médical, il a déjà mis en œuvre l'effet placebo. Donc, dans ces cas-là, il serait plus intéressant d'augmenter l'effet placebo par des techniques comme la stimulation magnétique trans-crânienne, autrement dit des choses absolument non invasives et non dangereuses, pour soulager nos patients. En effet, l'effet placebo en général a plutôt moins d'effets secondaires que les médicaments qu'on utilise.

Informer sur l'effet placebo ne va-t-il pas nuire à son efficacité ? 

Didier Bouhassira : On sait aujourd'hui que même si on donne un placebo à quelqu'un en lui disant que c'est un placebo, mais qu'on assortit ce traitement d'une explication sur ce qu'est l'effet placebo en disant que cela va déclencher certains effets directement dans le cerveau, on peut avoir un effet positif. Je dirais donc que l'avenir de l'effet placebo n'est pas encore écrit, mais on voit qu'il y a beaucoup de choses qui peuvent en découler et ce, à la fois dans la pratique clinique et dans la recherche clinique.

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