Sur la vidéo, un chaton mordille affectueusement la main qui lui gratouille le ventre. La qualité de l’image n’a rien de professionnel, le son est assez désagréable, l’action n’est pas des plus rythmées. Et pourtant… Avec son petit museau déformé qui lui donne un drôle d’air ronchon, Grumpy Cat a retenu l’attention ; la séquence, postée sur Internet en 2012, a été vue plus de 21 millions de fois (voir la vidéo ci-dessus) et l’animal s’est depuis imposé en star du Web. Il compte désormais des millions de fans sur les réseaux sociaux et sa propriétaire, Tabatha Bundesen, a pu lâcher son job de serveuse : son chat a fait d’elle une millionnaire. Eh oui, les félins en ligne deviennent des cash-machines !

Le phénomène n’a pu échapper à personne : des milliers de photos et de vidéos de chats, adorables ou rigolos, envahissent le Web. Qu’ils tombent ou qu’ils ronronnent, ils sont partout, de Facebook à Instagram en passant par YouTube. Une déferlante de mignonneries que l’on doit, à l’origine, à des bataillons de maîtres gagas… mais qui cache désormais un véritable business : ces images, souvent très vues et très partagées entre internautes, sont devenues des aspirateurs à publicité ! Les marques paient pour diffuser leurs spots avant le début d’une de ces vidéos. Elles paient pour placer leurs produits à l’image. Elles paient même parfois pour développer des objets dérivés.

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Hamilton the Hipster, Grumpy Cat, Waffles The Cat... 6 chats stars du web

INSTAGRAM; CHARLES SYKES/BRAVO/NBCU/GETTY; YOUTUBE; INSTAGRAM

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Des milliers d'euros pour les petfluenceurs

Plus un minet a de groupies sur le Web, plus ses tarifs sont élevés. Il réunit quelques milliers de fans sur Instagram ? Son maître ne peut espérer que des croquettes gratuites contre la publication d’une jolie photo de son animal avec le produit à promouvoir. Il affiche plus de 10.000 followers ? Aux Etats-Unis, le même post sponsorisé peut lui rapporter une centaine d’euros. "Et s’il dépasse le million d’abonnés, la rémunération peut monter jusqu’à 15.000 euros par campagne", confie Lucas Bérullier, fondateur de My Pet Agency, un bureau pour "animaux influencers". Car, oui, le phénomène est tel que des agents de stars à quatre pattes se multiplient : ils sélectionnent les meilleurs potentiels du Web et vendent leur image aux annonceurs.

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Opel, Friskies, Dyson… Des kyrielles de marques ont recours à ces matous 2.0. Pour les vendeurs de croquettes ou de litières, l’intérêt est évident. "Les fans des “petfluencers” viennent voir leur compte régulièrement, cherchent des conseils sur les produits, explique Matthew Wyman chez Litter-Robot, un fabricant de litières automatiques. Nous communiquons avec les gens à un niveau plus personnel qu’avec une campagne classique." Pour les marques n’ayant qu’un lien très indirect avec nos petits fauves, l’enjeu est plutôt viral. "Cela leur permet d’avoir une communication décalée, voire de créer un buzz", précise Lucas Bérullier. Car les chats, comme les chiens, sont des égéries d’une efficacité redoutable : l’internaute adore partager la vidéo rigolote d’une boule de poils. L’agence NewsWhip a analysé les publicités Web de 15 marques et le résultat est net : sur Instagram, les spots mettant en scène des animaux suscitent 89% de commentaires en plus que les autres.

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Des profils bien mis en valeur

Encore faut-il avoir le bon profil : un chat ne devient pas VRP par hasard. Il doit avoir quelque chose de spécial, une trogne particulière ou une histoire émouvante. Et un maître très motivé ! Pour faire sortir sa bestiole du lot, il faut lui créer des comptes Instagram, Facebook et idéalement YouTube, assurer des publications quotidiennes, multiplier les hashtags bien pensés (#meow, "miaou" en français). Les photos doivent être "propres", prises au reflex ou avec un bon smartphone. "Celles qui marchent le mieux sont celles qui font rire", assure Christophe Decouland-Cournaud, auteur d’un joli succès avec son chat Boubou déguisé en Ewok, un personnage de "Star Wars". Et désormais, il faut même tricher un peu pour "pousser" son animal. "Depuis que Facebook et Instagram ont changé d’algorithmes, il est plus difficile d’augmenter son audience sans payer pour être mis en avant sur les sites", fait remarquer ce dernier.

  • Les chats de race valent de l'or : 800 euros pour la saillie des chats les plus primés en concours. ; 2.000 euros en moyenne pour un chaton savannah.
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Loin des dérives du web, reste la publicité traditionnelle, télé ou affichage. Car, là aussi, le minet fait recette. "La bijouterie, notamment, aime utiliser l’image du chat noble", note Christophe Corbin, créateur de l’agence de mannequins pour animaux Crisprod. "Pour cet exercice, il faut des profils cool, à l’aise en studio, précise Paula De Barros, éleveuse qui a travaillé pour le bijoutier Gemmyo, par exemple. Leur faire faire des photos demande énormément de temps, car il faut s’adapter à l’animal." Mais la rémunération peut en valoir la peine. Comptez de 150 à 300 euros par jour…

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