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Derrière les humeurs de Trump, le spectre de «l'affaire russe»

Depuis les élections de mi-mandat, Donald Trump «a perdu son bravache habituel». LEAH MILLIS/REUTERS

VIDÉO - Limogeages, conférences de presse tempétueuses, tweets assassins... Depuis les midterms, la cadence des colères du président interpelle et pourrait être liée à l'enquête du procureur Mueller sur une éventuelle ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016.

Le 5 novembre dernier, Donald Trump exprimait quelque chose d'inhabituel: un regret. «J'aimerais avoir un ton plus apaisé. Quelque part, j'ai l'impression que je n'ai pas le choix, mais peut-être que si». Le lendemain, les résultats des élections de mi-mandat épousaient les prédictions des sondeurs: la Chambre des représentants tombait dans l'escarcelle des démocrates, le Sénat restait républicain.

Si Trump se gargarise alors d'un «immense succès», il décoche depuis quantité de flèches sans jamais sembler épuiser son carquois. Il vire son ministre de la justice, interdit à un journaliste l'accès à la Maison-Blanche, illustre son désamour pour son homologue français d'une salve de tweets sans précédent, et renvoie une conseillère à la Sécurité nationale sur demande de son épouse.

Est-ce ici la désinhibition d'un président dont «l'immense succès» aux midterms fait sauter tous les verrous à son exercice du pouvoir, ou bien la déstabilisation d'un homme, inquiet de cette nouvelle donne politique?

«Il a perdu son bravache habituel. Il s'est rendu compte que les Républicains ont perdu les midterms» note Annick Cizel, maître de conférences à la Sorbonne-Nouvelle. «Trump a quitté une campagne de terrain, où il était adulé par ses supporters, et se confronte maintenant à la dure réalité des résultats» ajoute Patrick Chamorel, professeur de sciences politiques à l'Université de Stanford.

L'enquête Mueller, à nouveau au centre des débats

La perte de la chambre des Représentants assombrit le ciel politique du président, les démocrates promettant dès leur prise de fonction en janvier une activité d'opposition intense ainsi que l'ouverture d'enquêtes parlementaires. Et les sujets sont variés: les avis d'impôts du président, sa liaison présumée avec l'actrice Stormy Daniels, la mobilisation de 5.000 soldats le long de la frontière mexicaine pour stopper une «invasion» de migrants…

Mais l'essentiel est ailleurs. «Sa mauvaise humeur soutenue semble davantage due à une anxiété sur l'affaire russe, estime Nicholas Dungan, chercheur à l'Atlantic Council. Le fait d'avoir viré Jeff Sessions relève moins d'une décision politique que d'une préoccupation personnelle». Si le champ d'enquête des commissions parlementaires pourra s'étendre aux soupçons de collusion avec la Russie, de blanchiment d'argent et d'obstruction à la justice, c'est bien l'investigation du procureur Mueller qui gère pour le moment ces dossiers. «C'est son unique obsession», souligne Patrick Chamorel.

En début de semaine, plusieurs réunions entre Donald Trump et ses avocats ont été nécessaires pour répondre à la dernière série de questions écrites envoyées par les enquêteurs. Jeudi, des tweets du président, à grand renfort de majuscules, brocardaient «Bob Mueller et son gang de voyous démocrates», dont les agissements sont à ses yeux «une disgrâce pour (notre) Nation».

En dix-huit mois, 35 inculpations ont déjà été prononcées. Le successeur de Sessions, Matthew Whitaker, supervise maintenant l'enquête Mueller, à laquelle il s'était montré publiquement hostile par le passé, et dont Washington attend toujours les conclusions dans une impatience étouffante, peu propice à l'apaisement du ton.

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