La police indienne a mis en place vendredi d'imposantes mesures de sécurité pour permettre aux femmes d'accéder à un grand temple hindou du sud de l'Inde malgré l'hostilité de traditionalistes hindous, un mois après de premiers affrontements sur le sujet.

La Cour suprême indienne a révoqué en septembre l'interdiction ancienne faite aux femmes en âge d'avoir leurs règles, soit entre 10 et 50 ans, d'entrer dans le temple hindou de Sabarimala. Depuis, le temple est l'objet d'une confrontation entre défenseurs des droits des femmes et extrémistes hindous.

Plus de 3400 policiers, dont beaucoup en tenues anti-émeutes, ont été déployés sur les routes d'accès au temple situé dans l'État du Kerala, selon des sources officielles. La dernière fois que des femmes avaient tenté de s'y rendre en application de l'arrêt de la Cour, des heurts avaient éclaté.

Environ 700 femmes se sont enregistrées pour visiter le site, qui ouvre ses portes vendredi à la veille du début d'un festival hindou qui dure jusqu'à la mi-janvier. Durant ce laps de temps, des centaines de milliers de fidèles devraient faire le voyage jusqu'au sanctuaire, situé à quatre heures de marche en haut d'une colline.

Quelque 500 manifestants hindous se sont réunis à l'aéroport de Kochi, à environ 150 kilomètres du sanctuaire, pour tenter d'empêcher la militante du droit des femmes Trupti Desai d'en sortir pour s'y rendre.  

« On a tenté plusieurs fois de prendre des taxis mais les agitateurs les empêchent de nous embarquer. Ils les menacent de violences », a-t-elle raconté à la télévision indienne. « Même les policiers disent qu'ils ne peuvent pas pour l'instant nous aider à sortir de l'aéroport car le nombre de manifestants grossit et ils deviennent violents ».

« Il y a un petit moment, ils ont essayé de nous faire sortir par une porte secondaire mais ils nous ont repéré et ont attaqué les voitures ».

Vendredi, l'accès au temple était rendu difficile par de mauvaises conditions météorologiques. Parmi les fidèles présents, N. S Prakash Rao, venu de Vishakhapattanam dans l'État d'Andhra Pradesh, se dit « d'accord pour que les femmes soient admises ».  

« Les temps ont changé et nous devrions changer aussi », explique à l'AFP cet homme, hostile toutefois à la venue de militantes « qui viennent ici juste pour faire du bruit ».

Les policiers ont mis en place des barricades sur les routes pour contrôler les véhicules. « Nous allons déployer 15 200 policiers autour du temple pendant toute la saison, jusqu'au 15 janvier », a déclaré à l'AFP Pramod Kumar, porte-parole de la police de l'État de Kerala.

À la mi-octobre, des affrontements avaient éclaté entre forces de l'ordre et extrémistes, qui avaient empêché les femmes de monter au temple. Ils avaient lancé des pierres sur les policiers et s'en étaient pris aux journalistes femmes.

Impasse

Environ 2000 personnes avaient été arrêtées par la suite. Le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (PJP) du premier ministre indien Narendra Modi a affirmé que ses partisans avaient été injustement ciblés par cette vague d'arrestations.

« Le BJP soutient les fidèles », a déclaré à l'AFP P. S. Sreedharan Pillai, son président pour le Kerala, un État dirigé par un gouvernement communiste. « Les communistes sont des athées qui veulent la destruction de la culture du temple de Sabarimala ».  

Pour les défenseurs des droits, l'interdiction de Sabarimala relève d'une croyance archaïque et patriarcale selon laquelle les femmes réglées seraient impures.  

Les traditionalistes arguent que les Indiennes peuvent accéder à la plupart des temples hindous, que la situation de Sabarimala résulte d'une pratique particulière et n'est pas anti-femmes.

Les autorités de l'État se disent déterminées à ce que les femmes puissent accéder au temple cette fois-ci. D'après la presse, la police envisage même de les transporter sur le site en hélicoptère.

Le gouvernement de Kerala a convoqué une rencontre de tous les partis politiques jeudi pour tenter de trouver un accord qui aurait permis aux femmes d'entrer à Sabarimala certains jours.  Mais les pourparlers ont échoué.