“La face cachée de TikTok” : trois infos à retenir de la vidéo du Roi des rats

Dans sa vidéo “La face cachée de TikTok”, le Roi des rats nous alerte sur les dangers de la nouvelle application, très populaire chez les 10-15 ans, et condamnée en février dernier a payer une amende record de 5,7 millions de dollars aux Etats-Unis pour collecte illégale de données personnelles de mineurs.

Par Pauline Vallée

Publié le 06 mars 2019 à 09h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h13

Le « justicier du Web » n’en est pas à son coup d’essai. Habitué à dénoncer sur sa chaîne les dérives des réseaux sociaux, Lilian (dit le Roi des rats) avait déjà contribué à faire émerger le délicat problème du travail des enfants sur YouTube ou les ravages du revenge porn. La très populaire application TikTok (ex-Musical.ly), qui permet de poster des vidéos de play-back, compte déjà 500 millions d’utilisateurs à travers le monde (dont 2,5 millions en France) et dépasse les géants Facebook et Instagram en nombre de téléchargements. Elle ne pouvait que retenir son attention.

Lorsque débute son travail d’enquête à l’été 2018, bien peu de youtubeurs s’interrogent alors sur les coulisses de ce phénomène de mode. La plupart d'entre eux se contentent de commenter – et de railler – des compilations de vidéos extraites du réseau social. TikTok amuse, ou indiffère. Les révélations inédites du Roi des rats viennent donc jeter un véritable pavé dans son image bien lisse d’application fun et créative. Narcissisme, hypersexualisation et utilisateurs malveillants : tour d’horizon des principaux dangers qui guettent vos enfants sur la plateforme.

Dépassés, Facebook, YouTube ou Instagram ! TikTok remporte un succès fulgurant chez les moins de 16 ans, leur proposant de se mettre en scène en chantant dans de courtes vidéos musicales, à mi-chemin entre Vine et Snapchat. La majorité des utilisateurs de l’application ont en-dessous de 15 ans, et bien qu’elle soit déconseillée au moins de 13 ans, la règle est en réalité très largement contournée, constate le Roi des rats. Autrement dit, il n’est pas rare de croiser sur la plateforme des profils d’enfants de 10 ou 11 ans.

Cette population en pleine construction identitaire, facilement influençable, y baigne dans une ambiance générale de superficialité à outrance et de culte du corps. « Sur TikTok, tout est fait pour être beau et faire envier les autres », déplore le youtubeur. En témoigne la multiplication des commentaires uniquement axés sur le physique, ou des défis comme le Don’t Judge Me Challenge, qui demande aux utilisateurs de s’enlaidir volontairement avant de se filmer sous leur meilleur jour. Ou comment, sous couvert de prôner l’acceptation de soi et la tolérance, le défi est, dans les faits, un moyen pour beaucoup de se mettre encore plus en valeur...

Le besoin d’obtenir de l’attention et de se démarquer pousse les plus jeunes à reproduire aveuglément le comportement de leurs idoles. Le Roi des rats cite l’exemple d’une des stars de TikTok, une jeune Américaine de 13 ans du nom de Brianna Buchanan, qui a commencé dès l’âge de 11 ans à poster des vidéos de maquillage et de danse sur l’application. « J’ai vu un nombre considérable d’adolescentes, qui n’ont même pas l’âge d’aller au collège, faire des vidéos d’elles en brassière et petite culotte ou en twerkant. Tout ça pour imiter celles qui ont des centaines de milliers de mentions “J’aime’’. »

La course au like entraîne une sexualisation précoce des préadolescents, en particulier des très jeunes filles. Les utilisatrices de TikTok remarquent naturellement qu’entre une vidéo standard et une vidéo de danse sexy, leur nombre de mentions « J’aime » peut être multiplié par dix… ce qui ne peut que les encourager à poursuivre dans la voie qui leur procure le plus de succès. Et la limite ne cesse de reculer au fur et à mesure que les comportements se normalisent. Tik Tok est « une des plateformes les plus nocives mentalement pour les jeunes, tranche le Roi des rats. Elle amène les plus influençables à penser qu’ils doivent ressembler aux autres pour être comme tout le monde. »

Sur tous les réseaux sociaux, les utilisateurs s’exposent aux critiques et aux retours pas toujours tendres de leurs pairs sur les contenus partagés. TikTok n’échappe pas à la règle. Le Roi des rats note néanmoins une grande concentration de commentaires moqueurs et insultants fondés sur le physique, et des cas de harcèlement en ligne.

Des vidéos sexy de jeunes prépubères, on imagine facilement qui cela va attirer. Et, de fait, après avoir créé un faux profil de préadolescente, le youtubeur reçoit plusieurs messages de prédateurs sexuels, qui rôdent en toute impunité sur la plateforme et s’en servent comme point de ralliement. En août 2017 déjà, un Américain avait sonné l’alarme dans les médias car sa fille de 7 ans (!) avait reçu des propositions sexuelles de la part d’un adulte sur Musical.ly (ancêtre de TikTok). Depuis, rien n’a changé. Et TikTok, propriété de la firme chinoise ByteDance (qui a racheté Musical.Ly pour 1 milliard de dollars en févier 2017), ne cesse de prospérer et de s’installer parmi les applications préférées des ados.

Mise à jour
Le 27 février dernier, aux Etats-Unis, la FTC (Federal Trade Commission) a annoncé qu’elle infligeait une amende de 5,7 millions de dollars ( soit 5 millions d’euros) à TikTok. L’application est accusée d’avoir collecté des données personnelles de mineurs, sans demander l’autorisation parentale. La FTC, en plus de cette amende record, leur demande de faire le tri dans les contenus et de supprimer toutes les vidéos publiées par des enfants américains de moins de 13 ans. De nombreux comptes ont ainsi disparu du jour au lendemain. Ce qui n’empêche l’application, dans le même temps, de dépasser le milliard de téléchargements.

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