Des pavés, plus résistants que le béton, conçus au Ghana à base de déchets plastiques

La société emploie aujourd’hui 74 personnes, qui se relaient jour et nuit.

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Par Dylan Gamba

Le Ghana croule sous les déchets plastiques, mais ne manque pas d'idée pour le recycler, en témoigne une petite entreprise transforme ces déchets en pavés pour les routes.

Chaque année, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, qui compte près de 28 millions d’habitants, produit quelque 1,7 million de tonnes de déchets. Dans les nombreux restaurants du pays, qui proposent de manger sur le pouce les spécialités locales, les plats à emporter sont le plus souvent proposés dans des emballages et avec des couverts en plastique.

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Devant l’absence de poubelles dans les rues de la capitale Accra, les détritus se retrouvent la plupart du temps jetés dans les égouts de la ville, avant de finir dans l’océan. Une situation catastrophique tant d’un point de vue sanitaire qu’environnemental.

Une tonne par jour

Nelson Boateng y a vu au contraire une opportunité. L’entrepreneur de 35 ans a créé en janvier 2013 la société Nelplast. Son crédo : récupérer les déchets plastiques pour en faire des pavés sur les routes.

"Nous en recyclons chaque jour près d’une tonne", évoque le jeune chef d’entreprise, depuis ses bureaux situés à Ashaiman, dans la banlieue est de la capitale Accra. Les pavés, plus résistants que le béton, sont constitués avec des déchets plastiques, mixés avec 20% de sable. Chaque bloc permet de recycler quatre kilos de déchets.

Autre avantage : le coût. Chaque pavé coûte en effet 1 dollar, soit environ 50 centimes de moins qu’un pavé classique. Et l’entreprise a rapidement trouvé sa clientèle. Devant la mauvaise qualité de certaines routes, Nelplast a déjà été appelé pour paver certains quartiers d’Accra, mais également d’Ashaiman. L’entreprise fournit également de plus en plus de particuliers.

Autodidacte

Après des études d’ingénieur réseau, Nelson Boateng a appris sur le tas, confectionnant lui-même les machines utilisées pour le recyclage.

Initialement, entre 2013 et 2015, la société s’était spécialisée dans le recyclage de déchets pour en faire des sacs plastiques. "Mais le problème de la pollution était toujours le même, les sacs finissaient alors dans la nature", évoque Nelson Boateng.

Le chef d’entreprise décide alors à partir de 2016 de se lancer dans la constitution de pavés dans les routes. Un travail d’autodidacte. "Je suis issu d’une famille nombreuse et j’ai dû commencer à travailler à 13 ans dans une usine de recyclage", se remémore-t-il. Après des études d’ingénieur réseau, il apprend sur le tas, confectionne lui-même les machines utilisées pour le recyclage. "J’ai tout financé tout seul, les banques étant particulièrement frileuses, mais cela me permet de ne pas dépendre de quelqu’un d’autre", souligne Nelson Boateng.

Victime de son succès

"Tout le monde veut m’amener du plastique, mais nous ne pouvons pas tout acheter, car nous manquons de place."
"Tout le monde veut m’amener du plastique, mais nous ne pouvons pas tout acheter, car nous manquons de place." © Dylan GAMBA

La société emploie aujourd’hui 74 personnes, qui se relaient jour et nuit. Quelque 500 autres personnes sont employées indirectement pour collecter le plastique qui s’amoncelle dans les rues. Après avoir été collectés, les déchets plastiques sont nettoyés avant d’être concassés et mélangés avec du sable. Aujourd’hui, Nelplast est victime de son succès.

"Tout le monde veut m’amener du plastique, mais nous ne pouvons pas tout acheter, car nous manquons de place", avance Nelson Boateng. Le chef d’entreprise réfléchit à acquérir un nouveau terrain "dix fois plus grand que celui-ci".

"Je suis optimiste pour l’avenir environnemental du pays car cette nouvelle économie va permettre de lutter contre le chômage et juguler le développement de certaines maladies", conclut Nelson Boateng.

Ci-dessous une vidéo proposée par l'entreprise sur sa page Facebook, montrant le travail de ses équipes :

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