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Femmes

Une TPE dirigée par une femme a 40% de risque en moins de déposer le bilan

Si les femmes réussissent mieux que les hommes, elles sont de moins en moins nombreuses à la tête d'une TPE. C'est le constat du 5ème baromètre de la parité publié par le leader français de l'activation de données Manageo. 

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LES CRÉATIONS D'ENTREPRISES REPARTENT EN BAISSE EN DÉCEMBRE

Une TPE dirigée par une femme a 40% de risques en moins de déposer le bilan qu'une TPE pilotée par un homme

Aladin Abdel Naby

Selon la 5ème édition du Baromètre Parité publiée le 29 octobre dernier par le leader français de l'activation de données Manageo, les TPE créées et dirigées par des femmes sont en baisse. Alors même qu'elles ont toujours moins de chance de déposer le bilan. 

Pour la première fois depuis 2013, le nombre de petites entreprises créées et dirigées par des femmes a baissé. L'année 2017 n'a en effet vu que 35,3% de petites entreprises créées par des femmes, soit une baisse de près de 6% en un an. En 2017, Manageo qui a étudié les données de près de 6 millions de petites entreprises française dénombre 155.061 TPE créées par des femmes, contre 177.812 en 2016 et 156.966 en 2015. La tendance est similaire, bien que moins marquée, sur les TPE qui sont dirigées par des femmes. Sur ce point, le Baromètre Parité 2018 constate une très légère baisse, passant de 32,4% en 2016 à 32,3% en 2017, alors qu'il était en hausse depuis 2013.

Des résultats que nuance cependant Katherine Gundolf, Full professeure en Entrepreneuriat et Directrice de l’Entrepreneurship Center de Montpellier Business School. "Ce n'est pas conjoncturel. La tendance générale est à la montée, mais on ne peut rien dire de particulier pour l'instant", souligne-t-elle, en s'appuyant sur les chiffres fournies par l'Insee. Selon elle, ce léger retrait a déjà été constaté dans le passé, "puis ça a augmenté une ou deux années après".

40% de risques en moins de déposer le bilan

Le principal enseignement de cette étude est qu'une petite entreprise dirigée par une femme présente un risque nettement moins important de déposer le bilan. Ce constat est renforcé sur l'année 2017, puisqu'une TPE dirigée par une femme a 40% de risques en moins de déposer le bilan qu'une TPE pilotée par un homme, contre 38% en 2016. Clémence Cessiecq qui a coordonné le Baromètre Parité 2018 pour Manageo souligne que ce constat a été réalisé à partir de l'étude d'entreprises en défaillance, c'est-à-dire celles qui sont entrées en procédure collective de liquidation ou de redressement judiciaire. Son équipe a ensuite procédé à une comparaison de la proportion entre les hommes et les femmes. "C'est en faisant cette comparaison qu'on est arrivé au chiffre de 40% de risques en moins pour une TPE dirigée par une femme", souligne-t-elle. "C'est un chiffre qui est stable par rapport à l'année 2016".

L'équipe de Manageo explique que cette tendance serait liée aux secteurs d'activité des TPE dirigées par des femmes. "Nous sommes peut-être sur des secteurs moins propices à la défaillance", rapporte Clémence Cessiecq. Sur les TPE dirigées par des hommes, on constate que beaucoup sont liées au secteur manuel, dans lequel il y a beaucoup de défaillances. Les femmes sont davantage sur des activités qui sont plus faciles à pérenniser de par la structure de la société en elle-même. "On peut aussi en déduire que les femmes sont de meilleures gestionnaires que les hommes. LesTPE qui sont dirigées par des femmes sont mieux structurées et mieux gérées". Selon la chercheuse Katherine Gundolf, d'autres facteurs entrent en compte. "Ce qui est prouvé, c'est que les femmes créent moins de TPE et ont  une aversion au risque qui est plus grande".

Des progrès à faire

"Le premier constat global que l'on pourrait tirer de ce Baromètre est qu'on est loin de la parité aujourd'hui", rapporte Clémence Cessiecq. Et cette inégalité, nous la constatons à travers les secteurs d'activité où les entreprises sont créés. "Nous restons sur des secteurs assez féminins". Et si nous regardons le nombre de créations d'entreprises de 1987 à aujourd'hui recensées par l'Insee, nous passons de 29% à 39% de femmes qui créent des entreprises. Le différentiel est seulement de 10%. "Ça a donc très peu évolué en trente ans. Il y a toujours des progrès à faire", constate Katherine Gundolf. "Mes préconisations éthiques en tant que chercheuse, c'est que le combat n'est pas gagné, et qu'il faut poursuivre l’effort, ne pas relâcher. Le passé nous a montré que la discrimination positive a eu des effets, je pense donc qu’il faut continuer. Par ailleurs, l'éducation à l’égalité présente probablement aussi un levier fort. Toutes ces actions sont des efforts à inscrire dans le long terme et qui malheureusement ne portent pas toujours leurs fruits de suite."

Méthodologie:
Baromètre basé sur l'étude de 5.954.038 TPE (entreprises jusqu'à 9 salariés inclus) en 2017 dont on connaît le sexe du dirigeant.

 

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