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Renault : l'affaire Carlos Ghosn place l'Etat actionnaire au pied du mur

+VIDEO. Les jours du dirigeant pourraient être comptés à la tête du constructeur français et le conseil d'administration du groupe va se réunir « au plus vite ». Mais la question de sa succession est toujours ouverte…

Ces dernières années, Emmanuel Macron et Carlos Ghosn se sont écharpés à plusieurs reprises, notamment sur la question de la rémunération du patron de Renault.
Ces dernières années, Emmanuel Macron et Carlos Ghosn se sont écharpés à plusieurs reprises, notamment sur la question de la rémunération du patron de Renault. (Etienne LAURENT/POOL/AFP)

Par Julien Dupont-Calbo, Yann Rousseau, Valérie de Senneville

Publié le 19 nov. 2018 à 15:54Mis à jour le 19 nov. 2018 à 20:30

Le tsunami japonais souffle jusqu'à Paris. La mise en examen de Carlos Ghosn, soupçonné par la justice nippone d'abus de bien social, de fraude fiscale et de malversations financières, risque fort d'avoir des conséquences sur l'avenir du dirigeant chez Renault. Le sujet devrait en effet rapidement prendre une tonalité politique en France - dans un Hexagone en pleine crise des gilets jaunes et où les rémunérations des dirigeants s'avèrent de longue date un serpent de mer.

A Tokyo, où se tenait lundi une grande cérémonie pour les 100 ans de la chambre de commerce franco-japonaise, la nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Sous le choc, la délégation française et la nouvelle secrétaire d'Etat à l'industrie, Agnès Pannier-Runacher, ne savaient trop quoi dire. « Les trois malversations commises par Carlos Ghosn lui-même auront de grosses répercussions chez notre partenaire Renault », a reconnu de son côté Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan, lors d'une conférence de presse menée à la sulfateuse.

« Renault ne peut pas conserver Carlos Ghosn à la tête de l'entreprise, c'est impossible, c'est trop grave », lâche, sonné, un familier du groupe. « Ce n'est pas tenable pour lui », acquiesce un membre du conseil du groupe. Pour rappel, Renault, est détenu à 15 % par l'Agence des participations de l'Etat. Selon nos informations, un conseil d'administration de Renault s'est tenu dès lundi après-midi pour étudier la situation, mais sans prendre de décision.

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VIDEO. L'analyse de Yann Rousseau, correspondant des Echos au Japon

Succession

Du côté de la justice française, on suit avec attention les événements au Japon. Certaines accusations pourraient être pénalement répréhensibles en France si un lien de rattachement est établi. Si une enquête pour fraude fiscale devait être ouverte en France, elle serait confiée au Parquet National Financier (PNF) à condition que Bercy le saisisse. En revanche, les faits supposés d'abus de biens sociaux ne seraient pas de sa compétence mais de celle du parquet de Nanterre.

En cas de vacance à la gouvernance de Renault, ce serait Philippe Lagayette, l'administrateur référent, qui ferait l'intérim, tandis que Thierry Bolloré continuerait à gérer les opérations comme il le fait depuis sa nomination au poste de directeur général adjoint en février dernier.

Interrogé sur le sujet à Bruxelles, Bruno Le Maire a expliqué vouloir « tout mettre en oeuvre pour assurer la continuité opérationnelle et la gouvernance du groupe ». Le ministre de l'Economie doit rencontrer rapidement Philippe Lagayette et les administrateurs principaux de l'industriel pour « examiner avec eux les décisions que le conseil de Renault devra prendre dans les jours ou les semaines qui viennent ».

Reste que la question de la succession de Carlos Ghosn, le mandataire social de Renault, revient comme un boomerang. L'hiver dernier, le groupe avait nommé Thierry Bolloré bras droit de Carlos Ghosn sans que celui-ci soit présenté comme le dauphin désigné. Au sein de l'Etat français, on souhaitait déjà à l'époque préparer activement la suite chez Renault-Nissan. Avec ce coup de théâtre, il va désormais falloir gérer l'affaire dans l'urgence et trouver un pompier pour éteindre l'incendie qui s'est déclaré au sein de l'Alliance.

Yann Rousseau

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