ENVIRONNEMENTDes «nez» pointe du doigt des odeurs de «chou pourri» sur le bassin de Thau

Hérault : Un réseau de «nez» pointe du doigt des odeurs de «chou pourri» sur le bassin de Thau

ENVIRONNEMENTAtmo Occitanie a mis en place un réseau d’habitants chargés de noter les odeurs ressenties à Sète ou Frontignan…
Le bassin de Thau, vu depuis Sète.
Le bassin de Thau, vu depuis Sète. - N. Bonzom / Maxele Presse
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Un réseau de « nez » chargé de noter les odeurs ressenties a été mis en place.
  • Selon l’étude d’Atmo Occitanie, l’odeur de « chou pourri » est celle qui ressort le plus.
  • Ce dispositif a permis de diminuer l’impact de certaines nuisances olfactives.

Les « nez » ont parlé. Il y a deux ans, Atmo Occitanie, qui mesure la qualité de l’air dans la région, chargeait des habitants du bassin de Thau (Hérault) de scruter les odeurs désagréables qui leur gâchent le quotidien. Mis en place avec les collectivités locales et les industries du coin, ce réseau de « nez » était chargé de noter heure par heure les effluves ressentis, en indiquant le lieu, la durée, l’intensité ou l’origine supposée.

Après quelque 40.000 heures d’observation, dont 1.400 qualifiées d’odorantes, Atmo a fourni les résultats de cette étude inédite. Selon l’organisme, le bassin de Thau connaît une forte diversité de sources d’odeurs, majoritairement d’origine industrielle.

Chou pourri, cuisson de graines et produits chimiques…

Les odeurs les plus citées par les « nez » sont des impressions de « chou pourri » pour 18 % d’entre eux. D’autres évoquent des odeurs de « cuisson de graines » (17 %) ou de produits chimiques (14 %). Certains ont aussi relevé des odeurs de matière fécale, d’égout ou d’algues en putréfaction. « Nous constatons une forte intensité d’odeurs de “chou pourri” décrites par certains habitants, qui proviennent de certaines molécules, contenant du soufre, mais aussi des odeurs dues à la fermentation de déchets verts ou aux activités industrielles », note Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie.

Atmo Occitanie a également remarqué une augmentation des nuisances olfactives en juin, juillet et août 2017. « Les températures élevées favorisent la volatilisation des composés olfactifs et les riverains passent plus de temps en extérieur ou fenêtre ouverte », précise l’organisme, qui ajoute que « les nuisances sont plus fréquentes par vent faible. Les composés odorants sont moins dispersés que par vent soutenu ».

Un chapiteau pour éviter les odeurs à l’ancienne raffinerie

Complété avec une centaine de signalements spontanés d’habitants de Sète, de Frontignan ou d’autres communes du bassin, ce dispositif a permis de « cartographier » les secteurs de provenance des gênes olfactives, pour tenter d’en diminuer l’impact.

Ainsi, cet observatoire aurait permis de réduire considérablement les odeurs d’hydrocarbure qui s’échappaient des opérations en cours sur l’ancienne raffinerie de Frontignan. Cette ex-usine Mobil, récupérée par la compagnie pétrolière ExxonMobil en 1999 après la fusion entre les deux sociétés, n’est plus en activité. Mais des travaux de remise en état des terrains sont actuellement menés sur le site. Mètre carré par mètre carré, des pelleteuses sondent les sols. Ce chantier de fourmis a fait ressortir dans le secteur des odeurs d’hydrocarbures, liées aux activités passées de l’usine.

Le module de contrôle des odeurs mis en place dans l'ancienne raffinerie de Frontignan.
Le module de contrôle des odeurs mis en place dans l'ancienne raffinerie de Frontignan. - ExxonMobil

Face aux remarques des riverains, la société a mis en place un système qui n’existait pas jusqu’ici : une sorte de chapiteau sur roulettes couvre à présent les zones en cours de traitement, indique ExxonMobil à 20 Minutes, ce qui empêcherait désormais les odeurs de gasoil de s’échapper. Et pour compléter ce nouveau dispositif, les agents du géant pétrolier ne travaillent plus quand les conditions météorologiques sont défavorables : les pelleteuses ne sortent que quand le vent souffle vers la Méditerranée.

Si vous souhaitez participer à cet observatoire des odeurs, les équipes d’Atmo Occitanie cherchent de nouveaux « nez ». Informations sur le site d'Atmo Occitanie.

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