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La pire année de l'Histoire de l'humanité n'est pas 1918 ou 1349 : c'est l'an 536 et voici pourquoi
©RICHARD BOUHET / AFP

Désastre

Une irruption volcanique en Islande, en 536, a libéré un nuage de poussière qui a occulté la lumière du Soleil pendant 18 mois. L'hémisphère nord a mis près d'un siècle à s'en remettre.

Demandez à des historiens quelle est la pire année de tous les temps et vous obtiendrez des réponses variées. Certains diront 1943, année où l'Holocauste fit le plus de victimes. Ou 1918, début de la grippe espagnole, qui fit entre 50 et 100 millions de victimes. 1914, peut-être, le début de la Première guerre mondiale. Ou 1349, en plein coeur de la peste noire, qui tua entre 30 et 50 % de la population européenne en cinq ans (1347-1352). 

L'historien médiéval Michael McCormick, lui, a une autre idée. Il estime que l'année 536 fut "le début de l'une des pires périodes pendant lesquelles être en vie, voire la pire année". Historien et archéologue à l'Université d'Harvard, il a décrypté un épisode étrange de l'Histoire humaine, quand un mystérieux brouillard a plongé l'Europe, le Moyen-Orient et une partie de l'Asie dans les ténèbres - au sens propre et au sens figuré - pendant 18 mois. Un fait rapporté par les chroniques de l'époque, comme celles de l'historien byzantin Procopius, qui écrivit : "le soleil distribuait sa lumière sans éclat, comme la lune, durant toute l'année". Cette année-là, l'Irlande perdit ses récoltes, il neigeât en Chine en plein été, la température mondiale chuta de 1,5 à 2,5°C en moyenne... 

Jusqu'ici, cet "âge sombre" au coeur du 6e siècle restait inexpliqué. D'où venait ce mystérieux brouillard ? Une analyse ultraprécise d'un glacier suisse par l'équipe de Michael McCormick et du glaciologue Paul Mayewski, de l'Université du Maine à Orono (Etats-Unis) a permis de dénicher le coupable. En analysant des particules volcaniques présentes dans la glace, les chercheurs ont découvert qu'elles correspondaient parfaitement à d'autres particules retrouvées dans des lacs européens et dans la calotte glaciaire du Groenland, et qu'elles provenaient d'une éruption volcanique survenue en Islande en 536, qui a libéré des cendres dans l'atmosphère de l'hémisphère nord, bloquant les rayons du soleil. Deux autres éruptions ont suivi, en 540 et 547. Ces trois éruptions, associées à l'arrivée de la peste de Justinien, première pandémie de peste, qui a sévi à partir de 541 jusqu'en 767 et éradiqué une grande partie de la population l'empire byzantin, ont plongé l'Europe dans un marasme économique jusqu'en 640, date à laquelle les analyses des glaces montrent que l'activité de minage de l'argent a repris. 

Cette analyse de l'atmosphère de périodes lointaines, grâce aux glaces de l'Arctique, du Groenland ou des glaciers européens, avait déjà permis d'analyser une autre période sombre de l'Histoire : entre 1349 et 1353, en pleine Peste noire, les résidus de plomb ont complètement disparu de l'atmosphère, preuve que l'économie européenne s'est arrêtée à ce moment-là.

Lu dans Sciencemag

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