L'Inde est l'un des pays qui compte le plus grand nombre de mariages d'enfants

En Inde, dans la province d'Assam, les filles des familles pauvres n'ont pas forcément accès à l'école.

© BIJU BORO - AFP

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Par Sébastien Farcis pour la RTBF

Même si la situation commence  à s’améliorer, l’Inde reste l’un des pays qui compte le plus grand nombre de mariages d’enfants. Aujourd’hui environ une Indienne sur 4 est mariée avant l’âge de 18 ans .

Ces nouveaux activistes qui luttent contre les mariages précoces 

Dans la région de l’Assam, au nord est de l’Inde, une association d’étudiants musulmans a trouvé un moyen ingénieux pour empêcher ces unions illégales de mineures: elle a constitué des groupes sur la messagerie Whatsapp et sur Facebook. Les membres de ces groupes, venant ainsi de toutes les origines, alertent ainsi plus rapidement les militants, ce qui leur permet d’agir avant la célébration. 

Ainuddin Ahmed a posé sur la table ses deux smartphones, qui n’arrêtent pas de vibrer. Il en prend un et nous montre le groupe Whatsapp qu’il a créé contre les mariages précoces : "Le 6 mars dernier, dans le village de karopatia, un avocat nous informe sur le groupe qu’un mariage d’enfant doit être célébré. La fille n’avait que 16 ans et a été forcée par son père. Nous avons donc rapidement informé le poste de police local, qui a interrompu la célébration."  

Ce trentenaire est le président du syndicat des étudiants musulmans de l’Assam, et il a lancé une campagne contre ce fléau des unions d’enfants, qui touche particulièrement la communauté musulmane et pauvre de cet Etat du nord est de l’inde.

500 mariages empêchés en 18 mois

Son groupe Whatsapp compte une centaine de membres : des avocats, policiers, mais aussi des militants locaux ou chefs de village, devenus de précieux informateurs. Cela a contribué à empêcher environ 500 mariages en 18 mois de combat.

Dans le district rural de Barpeta, il est aidé par l’associaton ChildLine. Rafiqul Islam en est le coordinateur : "Dans notre district, un mariage sur deux implique une fille mineure, âgée entre 14 et 16 ans. Les parents sont pauvres et ne sont donc pas habitués à prendre des contraceptifs. Ils ont beaucoup d’enfants, et cherchent donc à se débarrasser de leurs filles le plus rapidement possible. Celle-ci n’est ainsi pas éduquée et aura elle-même beaucoup d’enfants. C’est donc un cercle vicieux dont il est difficile de sortir."

"Si je me marie, je vais avoir des enfants, alors que je suis moi-même une enfant"

La jeune Shahida a le visage d’enfant, encerclé par un voile musulman. Cette fille de 17 ans vit dans une petite maison de bois, à peine éclairée et perdue entre les rizières de la campagne de Barpeta. En septembre, son père a voulu la marier à un homme plus âgé du village. Les militants ont été alertés par Whatsapp et ont arrêté la cérémonie.

Shahida est donc restée chez ses parents et elle en est ravie : "Mon père voulait me marier car on ne pouvait pas payer les frais de scolarité pour l’université. Mais je pense que c’est pas bien, car si je me marie, je vais avoir des enfants, alors que je suis moi-même une enfant. Et je n’ai pas d’argent pour les élever. Maintenant, je veux continuer à étudier." 

Sahida veut être enseignante. Son père, assis derrière elle, nous affirme qu’il fera tout, maintenant, pour l’aider à compléter ses études. Depuis dix ans, le nombre de mariages a été quasiment divisé par deux, mais l'Inde a encore un long chemin à accomplir pour abolir le mariage des enfants.

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