Italie : des femmes s'insurgent contre les menaces sur le droit à l'avortement

Manifestation à Vérone à l'initiative de l'association "Non una di meno", le 13 octobre 2018 ©Radio France - Mathilde Imberty
Manifestation à Vérone à l'initiative de l'association "Non una di meno", le 13 octobre 2018 ©Radio France - Mathilde Imberty
Manifestation à Vérone à l'initiative de l'association "Non una di meno", le 13 octobre 2018 ©Radio France - Mathilde Imberty
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Les mouvements féministes italiens se révoltent contre la coalition gouvernementale au sujet de l'avortement. La contestation est partie de Vérone et une manifestation est prévue à Rome samedi prochain pour dénoncer les attaques aux droits des femmes.

Les associations féministes italiennes se mobilisent. Elles dénoncent les attaques répétées aux droits des femmes, alors que la Ligue - l'extrême droite - est au pouvoir, en coalition avec le Mouvement 5 Etoiles. Le pouvoir cible en particulier le droit à l’avortement, alors que plusieurs villes adoptent des motions favorables aux associations pro-vie, dans une Italie où l’accès à l’avortement n’est pas aisé pour les femmes. 

Un reportage de Mathilde Imberty, notre correspondante en Italie.

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Une révolte née à Vérone

La révolte est partie de Vérone, au Nord Est de l’Italie. La ville a en effet adopté une motion finançant les associations pro-vie et la prévention de l’avortement.

En plein conseil municipal, les militantes de Non una di meno, l’association féministe italienne la plus active, ont surgi déguisées en religieuses... et le mois dernier elles manifestaient dans les rues de la ville, menées par Laura Sebastio : 

Vérone fait depuis des années figure de laboratoire des politiques de droite, conjuguées à un intégrisme catholique Ce qui était local jusqu’ici s’étend au niveau national. Ce n’est absolument pas un hasard si l’actuel ministre de la Famille est Lorenzo Fontana, ancien maire - adjoint de Vérone, un intégriste catholique bien connu, membre des mouvements pro Vie. 

L'association "Non una di meno"  (Pas Une de Moins) à la mairie de Vérone, le 13 octobre 2018. Apparue à Rome en 2016, elle s’inspire du mouvement argentin "Ni Una Menos"
L'association "Non una di meno" (Pas Une de Moins) à la mairie de Vérone, le 13 octobre 2018. Apparue à Rome en 2016, elle s’inspire du mouvement argentin "Ni Una Menos"
© Radio France - Mathilde Imberty

Alberto Zegler est le promoteur de la mesure controversée votée à Vérone et reprise depuis par d’autres villes italiennes. L’élu de la Ligue nous reçoit dans son bureau avec sur sa veste un pin’s représentant de touts petits pieds, ceux d’un fœtus de 11 semaines. 

Ma motion est destinée à soutenir la maternité et prévenir l’avortement. Au niveau local, on va aider les femmes financièrement à garder leurs enfants. Les enfants sont une richesse pour elles et pour la nation. On les aide aussi en les informant davantage sur l’adoption anonyme. Quant à la loi sur l’avortement, je pense qu’elle est profondément injuste, parce qu’elle ne tient pas compte du droit de l’enfant à naître.

Alberto Zelger, conseiller municipal Ligue, Vérone, samedi 17 novembre 2018
Alberto Zelger, conseiller municipal Ligue, Vérone, samedi 17 novembre 2018
© Radio France - Mathilde Imberty

L’accès à l’avortement est un droit en Italie depuis 40 ans. Malmené depuis toujours dénoncent les associations féministes. 

Livia l’a vécu en personne. Elle tombe enceinte à 18 ans. Un parcours du combattant pour avorter tout juste à temps

Je me suis d’abord rendue dans un centre d’accueil médical gratuit près de chez moi. Là, une psychologue m’a accueillie et a insisté pour savoir si je voulais garder le bébé, si cela allait avec mes parents et ils ne m’ont pas fait rencontrer de médecin. J’ai changé de centre pour pouvoir parler à un gynécologue et là j’ai pu être inscrite sur des listes d’attente. A force, j’ai pu avorter mais tout juste avant la limite légale des trois mois de grossesse. Cela a été terrible. 

L'objection de conscience brandie par plus de 70% des médecins

Principal obstacle à l’accès à l’IVG : l’objection de conscience brandie par plus de 70% des médecins italiens pour ne pas pratiquer d’avortement. Sans compter explique l’association d’Eleonora Milazzi – Objection Rejetée – les pharmaciens qui refusent de vendre la pilule du lendemain. D’où l’idée de l’association d’établir une carte en ligne des structures de santé à éviter ou à privilégier. 

Vous voyez sur la carte ici… on est en Calabre. Une femme nous a signalé l’hôpital près de chez elle, où il n’y a pas de service de gynécologie ! Elle a dû faire le tour de la Calabre, en vain. Le terme était dépassé, et elle n’a pas pu avorter. C’est un problème très diffus dans tout le pays. Au Sud, il y a un problème d’accès aux structures de santé en général. Au Nord, les mouvements pro vie sont très présents dans les centres d’accueil et beaucoup de ces centres sont en outre privés. Vu la situation, notre carte est devenu un instrument tout à fait nécessaire.

Pour défendre l’accès à l’avortement mais aussi dénoncer un projet de loi porté par la Ligue réformant le droit de la famille, les Italiens sont appelés à manifester samedi à Rome. Tandis qu’à Vérone le même jour les anti-IVG défileront eux aussi.

Affiche de l'appel contre la violence des hommes envers les femmes devant l'Assemblée nationale Italien
Affiche de l'appel contre la violence des hommes envers les femmes devant l'Assemblée nationale Italien
© Radio France - Mathilde Imberty

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