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Contre les violences faites aux femmes, comment font les autres pays?

Contre les violences faites aux femmes, comment font les autres pays?
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Un peu partout dans le monde, des pays se mobilisent contre les violences faites aux femmes. Gros plan sur les méthodes les plus efficaces pour enrayer ce fléau et protéger les victimes.

A lui seul, le chiffre témoigne de l'ampleur du phénomène. Dans le monde, 70% des femmes sont confrontées à des violences au cours de leur vie. Qu'elles soient physiques, verbales, sexuelles, qu'elles aient lieu dans l'intimité du couple ou en public, ces agressions concernent donc toute la société. C'est pourquoi il revient aux pouvoirs publics de mettre en oeuvre des politiques efficaces pour encourager les victimes à briser le silence ou encore les citoyens à ne plus rester passifs. Hébergement des victimes, campagne de signalement des agresseurs, éloignement les conjoints violents… si d'un pays à l'autre l'arsenal diffère, l'objectif est toujours le même : sortir les victimes de l'isolement où elles se retrouvent bien malgré elles. Mais, en France comme ailleurs, la volonté politique passe aussi et surtout par des moyens financiers dédiés. Un investissement que les acteurs de terrain considèrent encore insuffisant pour agir dans la durée.

Belgique: des centres de prise en charge complets

Pousser la porte d’un commissariat de police reste une épreuve que nombre de victimes n'ont pas la force d'affronter. C'est justement pour leur proposer une alternative adaptée et surtout plus complète que trois Centres de Prise en charge des victimes de Violences Sexuelles (CPVS) les accueillent, 24h/24 et 7j/7. Depuis octobre 2017, à Gand, Bruxelles et Liège, ces structures permettent aux victimes d’avoir accès dans un même lieu, - l’enceinte d’un hôpital -, à un dispositif médical et psychologique complet: soins, prélèvements médico-légaux, soutien et suivi psychologique et même dépôt de plainte auprès d'inspecteurs spécialisés formés, présents au centre. Les premiers retours sont très positifs. Ainsi, 50 % des victimes ayant fréquenté le CPVS de Bruxelles ont osé porter plainte.

Espagne: un bracelet électronique pour éloigner le conjoint

Dans ce pays voisin, le « terrorisme conjugal » reste un fléau national. Depuis 2004, L'Etat s’est doté d'un dispositif juridique pionnier en Europe : des mesures de protection et d'assistance aux victimes, des tribunaux spécialisés avec des compétences civiles et pénales et des solutions techniques, comme les bracelets électroniques. Depuis 2009, il permet - en théorie - de tenir les conjoints violents à distance. S'ils s'approchent trop près de leur partenaire, une alerte se déclenche permettant l'intervention rapide de la police. Sauf que les moyens humains et financiers ne sont pas suffisants, estiment les associations.

Nouvelle-Zélande: un congé spécifique pour porter plainte

Si les victimes n’osent pas dénoncer ce qu’elles vivent, c’est bien souvent par peur de se retrouver sans ressources, qui plus est lorsqu'elles sont mères de famille. En juillet dernier, le parlement a voté une loi instaurant un congé rémunéré de dix jours pour les victimes de violences conjugales. Une parenthèse loin de leur travail pour régler, au mieux et au plus vite, toutes les démarches nécessaires pour assurer leur sécurité: quitter le foyer, chercher un autre domicile, changer les enfants d'école, lancer une procédure judiciaire... Autant d'obligations pesantes et fastidieuses qui demandent du temps. Figurant au triste palmarès des pays industrialisés les plus touchés par les violences, la Nouvelle-Zélande s'inspire là d’un congé similaire, mis en place aux Philippines en 2004.

Suède: une nouvelle définition du viol

La portée de cette mesure est moins abstraite qu'elle en a l'air. Ainsi, faire cesser les violences sexuelles passe déjà par la définition même des crimes. Si, en France, le viol est défini comme " tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise", la Suède a modifié la loi, en juillet dernier, en retenant une notion simple: une personne est désormais coupable de viol dès lors que le ou la partenaire n’a pas participé librement à la relation sexuelle. Tout acte sexuel sans accord explicite est passible de 6 ans de prison. Nul besoin de justifier de menace ou violence. Plus de 7000 plaintes pour viol ont été déposées en 2017. Cette mesure devrait en accroître sensiblement le nombre. Les tribunaux pourront-ils suivre?

Etats-Unis: la possibilité de déménager gratuitement

Quitter son logement est la première étape d’un processus de reconstruction. Mais on n’a pas toujours les moyens de se payer un déménagement. C’est le constat de deux frères, qui ont décidé de lancer un programme d’aide aux victimes de violences conjugales. "Aider les femmes à prendre leur autonomie, c’est une manière de les protéger de leur agresseur ", expliquent-ils. Depuis deux ans, Les Meathead Movers sont même passés à la vitesse supérieure avec le lancement de Move To End DV (Déménager pour mettre fin aux violences domestiques). Les bénévoles essaient de trouver des fonds pour soutenir financièrement les victimes afin qu’elles prennent plus sereinement un nouveau départ. De vrais gentlemen du déménagement !

ET EN FRANCE?

• Des contrats locaux pour améliorer la prévention dans le Nord

Dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre les violences conjugales, des contrats locaux vont être créés pour améliorer la prévention et l'information en amont sur les violences conjugales. Le dispositif qui associe urgentistes, associations, élus locaux, forces de l’ordre et travailleurs sociaux sera d’abord testé dans le Nord. Objectif : partager les alertes (signalements, hospitalisations..) pour un meilleur repérage des victimes.

• Des « adresses refuges » à Orléans

La commune a lancé un dispositif d’accompagnement des femmes victimes de violences d’un montant de 100 000 euros. Des « adresses refuges » conçues pour accueillir 2 à 3 familles pour quinze jours afin d'héberger celles qui, enfants sous le bras, ont quitté leur domicile en urgence. Le Centre Communal Action Sociale (CCAS), la CAF et la CPAM vont coordonner leurs aides individuelles pour permettre un relogement et une meilleure prise en charge des victimes.

• Gratuité des actes d’huissiers

Pour apporter des actions concrètes et tangibles aux femmes les plus fragilisées, souvent dépendantes financièrement, l’Association Femmes Huissiers Justice de France lance l’opération « 5 000 actes d'huissiers gratuits » (sans durée dans le temps). Cette mesure est destinée aux femmes qui ne peuvent pas bénéficier de l’aide juridictionnelle. Pour faire une demande, adresser mail à afhj.fnsf@scp-desagneaux.com.

• Des logements pour conjoints violents à Besançon

Quinze logements ont été inaugurés pour éloigner du domicile conjugal les maris violents. L'objectif est de laisser la victime chez elle, avec ses enfants. Les hommes sont pris en charge et bénéficient d'un suivi thérapeutique et psychologique afin, notamment, de favoriser la prise de conscience de passage à l'acte.

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