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S'attaquer à l'urgence écologique en formant les réfugiés

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Depuis le mois de septembre, une association propose aux réfugiés bénéficiant d'une première expérience dans l'agriculture une formation au métier de maraîcher bio.
par Aurore Coulaud
publié le 21 novembre 2018 à 7h31

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Former les réfugiés à une agriculture raisonnée. Voilà une initiative solidaire et responsable qui cumule les bons points. Au moment où les pratiques agricoles sont repensées et réorientées pour être plus en adéquation avec la nature et les demandes des consommateurs, l'association Fermes d'Avenir en collaboration avec le secteur Solidarités du groupe SOS a lancé en septembre un programme de compagnonnage à destination des personnes réfugiées. L'idée ? Les former à l'agroécologie et au métier de maraîcher bio.

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Pour rappel, l'année dernière, 100 755 demandes d'asile ont été déposées en France, soit une hausse de 17,5% par rapport à 2016, selon les dernières données recueillies auprès de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Toujours en 2017, près de 43 000 personnes ont été placées sous la protection de l'OFPRA au titre du statut de réfugié et de la protection subsidiaire. En augmentation de 17% par rapport à 2016. Comme le rappelle l'association sur son site, «pour ces personnes, tout reste à construire».

Une première expérience agricole requise

Créée en 2013, Fermes d'avenir a pour objectif initial d'accélérer la transition agricole et alimentaire en France tout en essayant de concilier au mieux urgences sociale et écologique. Pour ça, elle peut compter sur une vingtaine de collaborateurs dont les missions vont du financement de projets à la mise en place de formations. Après une première édition de compagnonnage ouverte à tous en 2017, elle a dévoué la seconde aux personnes réfugiées. Le principe ? Créer des binômes Français-réfugiés et les immerger dans les fermes du réseau pendant un an. En septembre, «quatre compagnons réfugiés ont signé la convention. Ils sont sur le départ vers la ferme où ils seront nourris et logés. Quatre autres devraient bientôt rejoindre ce programme pilote axé sur le maraîchage agroécologique», explique Hélène Le Téno, directrice du secteur Transition écologique du groupe SOS qui compte comme association Fermes d'Avenir.

Le recrutement ne doit rien au hasard. Une travailleuse sociale de SOS Solidarités en lien avec les structures d'accompagnement est chargée en amont d'identifier les réfugiés ayant le profil et un intérêt pour entamer cette formation. Seul critère requis «au moins une première expérience agricole dans un pays», précise-t-elle.

La transmission des savoir-faire

L'intérêt est que tous apprennent des uns et des autres. «On est dans le transfert des savoir-faire. Beaucoup de réfugiés viennent d'Afrique : du Soudan, de l'Erythrée… où ils ont travaillé la terre et produit dans des conditions climatiques difficiles. Face à l'urgence environnementale actuelle et aux nouveaux défis qui l'accompagnent, c'est essentiel de transmettre les techniques du sud au pays du Nord», rappelle la directrice.

A la fin, pas de diplôme mais une attestation de compétences en guise de faire-valoir et de passeport pour l'emploi. «Toute la promo 2017 a trouvé un emploi, pour la majorité dans des fermes, à l'exception d'une personne», s'enthousiasme Hélène Le Téno. A terme, ils espèrent acquérir le même rayonnement «que celui des compagnons du Tour de France».

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