Dans la cité-Etat, la moindre atteinte à la propreté ou à l’hygiène dans l’espace public est passible d’une amende minimale de 300 dollars singapouriens (soit 190 euros), rappelle BBC Online à l’occasion du cinquantième anniversaire de la campagne Keep Singapore Clean (“garder propre Singapour”), lancée en octobre 1968 par le Premier ministre et père fondateur Lee Kuan Yew.

Le but proclamé : faire de Singapour “la ville la plus propre d’Asie”. “Mais il ne s’agissait pas seulement de rendre la ville plus agréable, explique BBC Online. Selon Lee Kuan Yew, une ville plus propre pouvait contribuer à créer une économie plus forte” en attirant les investisseurs et les touristes.

Pourtant, si Singapour peut encore à bon droit revendiquer ce titre, la ville le doit davantage aujourd’hui à une armée d’agents chargés du nettoyage qu’à la crainte des amendes.

Initiatives citoyennes

“Ce sont nos employés qui font maintenant le gros du travail”, regrette Liak Teng Lit, directeur de l’Agence nationale de l’environnement. Officiellement, ils sont 56 000, auxquels il faut ajouter des milliers de travailleurs indépendants non enregistrés.

La cité-Etat dépense chaque année 120 millions de dollars singapouriens pour assurer la propreté et l’hygiène des espaces publics – alors même que beaucoup de ses agents (souvent des étrangers) restent sous-payés. “Des millions qui seraient mieux employés pour l’éducation ou la santé”, déplore Edward D’Silva, président du Conseil d’hygiène publique.

D’où la multiplication depuis déjà plusieurs années d’initiatives telles que la “journée du nettoyage” qui mobilise des centaines de volontaires à Nee Soon, dans le nord de Singapour. “Lors de la toute première édition, en 2013, les volontaires avaient collecté 1 430 kilos de détritus. Cette année, ils n’en ont ramassé que 292 kilos.” Preuve, selon la députée locale, que “l’éducation est au moins aussi efficace que les amendes”.