"J’ai fini par céder" : on a tous une histoire de violence sexuelle

"J’ai fini par céder" : on a tous une histoire de violence sexuelle
Lena Dunham dans la saison 6 de "Girls" (CAPTURE D'ÉCRAN)

Qui n'a pas une histoire de relation sexuelle qu'elle ou il aurait préféré éviter ? Attaquons-nous ensemble au concept de zone grise (qui nous pose problème).

Par Emilie Brouze et Alice Maruani
· Publié le · Mis à jour le
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(De nos archives) Il y a une histoire que Charlotte (un pseudo), une étudiante de 25 ans, raconte souvent à ses copines sur le ton de la blague.

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Ça s’est passé lors de son échange universitaire en Argentine, en soirée. Elle avait 20 ans alors, elle aimait faire la fête, et elle était à ce moment-là "vraiment ivre". Un jeune homme l’a attrapée, emmenée jusqu’au balcon, lui a baissé le T-shirt et le soutien-gorge et s’est mis à lui lécher la poitrine.

"Je ne bougeais pas, j'étais plutôt inconsciente. J'ai vomi juste après."

Mais ça n’en est pas resté là :

"Il était toujours là, m'a embrassée et m'a traînée dans ma chambre. Un autre garçon me plaisait à l'époque, j'ai dit que je ne voulais pas.

Je me souviens clairement d'avoir agrippé l'encadrure de la porte de la chambre pour ne pas qu'il m'y entraîne. Ma coloc française qui était là était bourrée aussi et aux prises avec un autre gars très ivre.

Mon Argentin m'a dit que tout le monde était adulte ici et qu'il fallait laisser les choses se faire. J'ai abandonné la lutte."

Comme "ça n'était pas mauvais, physiquement parlant", c’est devenu une "anecdote" avec un fort arrière-goût de malaise. "Ce truc-là", que Charlotte range dans les "expériences sexuelles foireuses", lui est arrivé plusieurs fois.

"Enormes malentendus"

Pour elle, ce ne sont pas des viols, "plutôt des énormes malentendus" avec "des gens qui n’étaient pas violents, plutôt très axés sur eux et qui ne se posaient pas la question de mon consentement".

Charlotte a toujours raconté ces histoires en rigolant et avec une bonne dose de culpabilité. "Ils devaient se dire 'tant qu’elle est là dans mon lit c’est open bar', et je n’ai pas bataillé beaucoup pour les convaincre de l’inverse. Parce que je me disais 'ça va être chiant, il va gueuler', etc."

Ce que raconte Charlotte n’est pas anecdotique. Demandez autour de vous : qui n’a pas vécu une histoire similaire ?

Nous en avons fait l’expérience en lançant un appel à témoignages sur la "zone grise du consentement".

Disons-le tout de suite. Ce terme nous pose un problème, car il sous-entend que le consentement est quelque chose de compliqué, alors que quand ce n'est pas oui, c'est non.

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