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FRANCE

#NousToutes : contre les violences sexistes et sexuelles, il faut "un électrochoc"

Samedi, en dehors de "Gilets jaunes", des milliers de personnes défileront en France contre les violences sexistes et sexuelles. Objectif : que les citoyens prennent conscience de l’ampleur du problème et alerter, encore, le gouvernement.

Manifestation contre les violences faites aux femmes le 6 octobre 2018 à Paris.
Manifestation contre les violences faites aux femmes le 6 octobre 2018 à Paris. Philippe Lopez, AFP
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"Créer un électrochoc". C’est l’objectif des défilés "pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles" prévus dans cinquante villes de France, samedi 24 novembre. Une mobilisation qui prend place la veille de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

À l’occasion de cette journée, il y a un an, le président Emmanuel Macron avait déclaré que l’égalité hommes-femmes serait la "grande cause du quinquennat". Douze mois plus tard, les associations sont amères. Les organisatrices des manifestations de samedi, réunies au sein du collectif #NousToutes, souhaitent que les pouvoirs publics sortent enfin le carnet de chèques.

Les chiffres sont glaçants. En 2016, en France, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint, soit environ une tous les trois jours. Le féminicide représente un cinquième des meurtres commis en France, rappelle le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Chaque année, environ 225 000 femmes sont victimes de violences conjugales. Plus de 250 femmes sont violées chaque jour, selon un rapport de l’Assemblée nationale de 2018, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail, selon l’Observatoire du harcèlement sexuel.

Le collectif féministe "citoyen" #NousToutes créé en septembre espère générer une prise de conscience dans la société qui ne laisse d’autre choix au gouvernement que d’agir, explique Madeline da Silva, organisatrice de la marche et maire adjointe Société civile aux Lilas (Seine-saint-Denis) : "un an après #MeToo, il faut qu’on arrive à transformer ces témoignages et cette libération des oreilles – puisque les femmes ont toujours parlé, c’est seulement qu’avec #MeToo, on les a mieux entendues – en actes. Donc on a décidé de créer #NousToutes, pour passer de #MeToo – les témoignages, les mots, les paroles, l’écoute – à #NousToutes – les actions." Selon la militante féministe, "cela ne peut venir que des citoyens". "S’il y a du monde dans la rue, comme ça s’est vu à l’étranger, là, forcément, les pouvoirs publics se saisiront du problème", assure-t-elle.

La concurrence de "Gilets jaunes"

En 2017, 2–000–personnes avaient marché dans la capitale française, et une poignée en région. Cette année, "on attend des milliers de personnes à Paris et on a 100 comités locaux et 50 marches en France", détaille Madeline da Silva. Vendredi, plus de 170 000 personnes avaient signé en ligne l’appel à manifester.

La carte des marches de samedi

Si ces marches sont prévues depuis longtemps, le mouvement social récent des "Gilets jaunes", qui a également appelé à une mobilisation nationale samedi, vient leur faire concurrence. Certaines militantes féministes ont d’ailleurs appelé les "Gilets jaunes" à reporter leurs actions ou, à défaut, à ne pas leur bloquer l’accès aux lieux des manifestations. Au-delà des blocages physiques, la concurrence pourrait aussi se faire au niveau de l’attention médiatique.

Mais l'organisatrice de la marche, Madeline da Silva, elle, n’est pas inquiète : "Je pense que s’il y a du monde dans la rue, les médias en parleront forcément. Parce que c’est historique, parce que c’est la première fois depuis quinze ans que tous les syndicats appellent à marcher pour la même cause. On a une tribune de 400 journalistes qui est sortie aujourd’hui et qui appelle à marcher. Même chose avec les enseignants, les avocats, les soignants…"

Des moyens insuffisants

Objectif : demander de l'argent. Face à l'ampleur du problème, les sommes consacrées à la lutte contre ces violences ne sont pas suffisantes. Jeudi, cinq organisations, dont le HCE, ont donc plaidé pour que les fonds consacrés à l'aide aux femmes victimes de violences conjugales passent à au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 millions d'euros aujourd’hui. "Où est l’argent contre les violences faites aux femmes ?", titrait jeudi le rapport du HCE.

"Il y a une grande différence entre annoncer une grande cause, et faire des mesurettes", dénonce Madeline da Silva. "On ne peut pas faire de la com’, en disant 'c’est la grande cause', et avoir le plus petit budget de l’État", critique-t-elle encore, appelant à de "grosses campagnes" de mobilisation : "Il faut un plan d’urgence. En France, on sait très bien faire, puisqu’on l’a fait pour la sécurité routière ou le tabac."

"Brevet de la non violence"

Par ailleurs, des mesures de formation et d’éducation sont impératives, et ce, dans tous les domaines de la société, explique Madeline da Silva : "Il faut former toutes les les personnes qui sont en contact avec les femmes victimes (police, justice, santé, école). Ensuite, il faut proposer des choses pour les enfants et les adolescents. On propose un ‘brevet de la non violence’ pour permettre aux enfants d’avoir conscience du problème."

Enfin, sur le terrain, les places d’hébergement pour les femmes victimes doivent aussi être revues à la hausse, selon la militante. Tout comme le budget des associations d’aide aux victimes, qui devrait être "doublé".

Interrogée par l’AFP, la militante féministe Caroline de Haas résume : "S’il n'y a pas d'argent, les politiques publiques ne suivront pas. En Espagne, ils ont sorti un milliard d'euros supplémentaires en cinq ans pour en finir avec les violences. En France, il faudrait deux milliards." Les marches de samedi, au-delà de viser une large prise de conscience, sont un appel clair au gouvernement : si la France veut vraiment lutter contre les violences sexistes et sexuelles, alors elle doit se donner les moyens de ses ambitions.

>> À voir sur France 24 : "FOCUS - 'L'Espagne, pionnière de la lutte contre les violences faites aux femmes' "
 

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