Fabius sur le climat avant la COP24 : "Le monde va dans le mur. Et vite"
EXCLUSIF - Dans une tribune au JDD, Laurent Fabius, ancien président de la COP21 et actuel président du Conseil constitutionnel français, invite les participants à la COP24, à retrouver "l'esprit de Paris".
La COP24 se tiendra à partir du 3 décembre en Pologne, à Katowice. Dans le Journal du Dimanche, Laurent Fabius, qui fut président de la COP21 qui s'est tenue en 2015 à Paris, explique pourquoi il est "impérieux" que soit réussi ce rendez-vous, chargé de préciser les règles d'application de l'accord de Paris d'il y a trois ans. "J’ai, avec d’autres, sonné l’alerte rouge, écrit l'actuel président du Conseil constitutionnel. Sans un ensemble de mesures urgentes, puissantes et convergentes, nous courons le risque de perdre la course engagée contre le réchauffement. Les conséquences seront gravissimes, comme le laisse présager la multiplication des catastrophes auxquelles on assiste et qui n’épargnent aucune région du monde. Les rapports scientifiques ont beau se succéder, notamment celui, alarmant, qu’a publié dernièrement le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les dégâts et les menaces s’accumulent. En clair, le monde va dans le mur. Et vite."
Dans huit jours exactement, trois ans après le succès mondial de la COP21 sur le climat, se tiendra en Pologne, à Katowice, la COP24 chargée de préciser les règles d'application de l'accord de Paris. Il est impérieux que cette COP24, réussisse.
D'abord à cause de la situation climatique elle-même. J'ai, avec d'autres, sonné l'alerte rouge. Sans un ensemble de mesures urgentes, puissantes et convergentes, nous courons le risque de perdre la course engagée contre le réchauffement. Les conséquences seront gravissimes, comme le laisse présager la multiplication des catastrophes auxquelles on assiste et qui n'épargnent aucune région du monde. Les rapports scientifiques ont beau se succéder, notamment celui, alarmant, qu'a publié dernièrement le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), les dégâts et les menaces s'accumulent. En clair, le monde va dans le mur. Et vite.
Lire aussi - Climat : quoiqu'il arrive, la Terre va se réchauffer, reste à savoir dans quelle mesure
Dans le même temps, la prise de conscience grandit, y compris sur les enjeux de l'accompagnement économique et social de ces mutations. Chacun perçoit de mieux en mieux les liens entre activités humaines et ravages concrets dus au réchauffement ainsi que les impacts de celui-ci sur la chute de la biodiversité, sur notre santé et sur notre sécurité. De plus en plus de collectivités et d'entreprises s'engagent, mesurant à la fois les dégâts de l'économie carbonée et les opportunités liées au passage à une croissance verte.
Le succès de la COP24, ce serait l'adoption d'un accord ambitieux concernant spécialement la réduction programmée et effective des émissions de CO2, l'adaptation aux conséquences du réchauffement, les modalités de contrôle des résultats, et encore les financements nécessaires.
"Depuis la COP21 de 2015, la situation et les perspectives se sont en effet détériorées de manière inquiétante
"
Or ce succès n'est pas acquis. Depuis la COP21 de 2015, la situation et les perspectives se sont en effet détériorées de manière inquiétante. J'en retiens deux exemples. D'une part, malgré de remarquables initiatives au sein même des États-Unis, le choix fait par le président Trump de sortir de l'accord de Paris cause un tort considérable à la lutte anti-réchauffement, à la fois par son effet direct et par l'exemple donné à d'autres États, qualifiés de "somnambules" par le secrétaire général des Nations unies, et qui sont en réalité irresponsables.
Un autre signal alarmant, documenté récemment par l'Agence internationale de l'énergie, c'est le nombre élevé de centrales à charbon en activité ou en projet sur le continent asiatique. Si un coup d'arrêt n'est pas opéré, c'en est fini des ambitions de l'accord de Paris. Le contexte international général ne favorise pas non plus la COP de Katowice, puisque plusieurs pays décident de bafouer les accords existants, dans un monde où, en résumé, la multipolarité augmente alors que le multilatéralisme recule.
Alors, que faire pour réussir malgré tout cette COP24? Le succès de la COP de Paris reposait sur la mise en pratique de trois orientations : mieux, plus vite et ensemble. C'est en respectant ces trois objectifs et en les faisant partager par toutes les délégations des États que nous avons pu obtenir l'accord de 2015. C'est en respectant ces mêmes exigences que la COP de Katowice pourra réussir.
"Empêcher le chaos climatique qui se profile est encore possible
"
"Mieux", car il est vital d'obtenir un renforcement des engagements pris par chaque État de réduire ses émissions de carbone, au plus tard lors de la conférence des Nations unies prévue à New York en septembre 2019. "Plus vite", parce que la lutte contre le changement climatique est une véritable course contre la montre. "Ensemble", dès lors que, en matière d'environnement, les territoires ainsi que les problèmes sont quasiment tous liés entre eux et que sauver la planète est un impératif commun à l'humanité. On n'y parviendra que par une union des forces plutôt que par une dispersion des politiques du chacun pour soi.
Il faut savoir à cet égard que l'addition des gaz à effet de serre émis par les seuls États-Unis (plus de 15% des émissions mondiales) ainsi que par les gouvernements en réalité climatosceptiques représente plus de 25 % du total mondial des émissions. D'où l'importance de chercher sans cesse, malgré tout, à surmonter les résistances de ces pays et de mobiliser plus fortement que jamais les bonnes volontés : l'Europe, la Chine, l'Inde, l'Afrique, les États insulaires… et d'autres. "Ensemble", aussi, dans la mesure où les sociétés civiles, les villes et régions, les entreprises, les scientifiques, les ONG, les citoyens doivent être sensibilisés au même titre que les États.
En Pologne, il ne s'agira pas de renégocier les dispositions adoptées par la COP21 mais d'en préciser et d'en renforcer l'application. Empêcher le chaos climatique qui se profile est encore possible. À condition de retrouver d'urgence "l'esprit de Paris".
Par Laurent Fabius, ancien président de la COP21.
Maud Fontenoy, l’engagée des mers
PORTRAIT. Ce jeudi 14 mars, à 22h40, sur Canal+, sort le deuxième opus de la série documentaire « Bleu, un océan de solutions », proposée et incarnée par la navigatrice Maud Fontenoy.
Intempéries : sept disparus dans le Gard et en Ardèche
Lors d'une prise de parole depuis le ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin a confirmé que sept personnes étaient toujours portées disparues : six dans le Gard et une en Ardèche.
Des militants d'Extinction Rebellion pénètrent dans une usine Arkema, au moins 8 interpellations
Plus de trois cents militants d’Extinction Rebellion ont forcé, samedi, le site industriel d’Arkema à Oullins-Pierre-Bénite, près de Lyon. Ils accusent le groupe chimique de contaminer l’eau avec des polluants éternels. Les forces de l’ordre ont interpellé au moins huit manifestants, rapporte BFM Lyon.
Cyclone : La Réunion va être placée en alerte rouge dimanche à partir de 20 heures
Selon Météo-France, la tempête tropicale Belal devrait apporter des « vents dévastateurs » allant jusqu’à 250 km/h. Une situation potentiellement exceptionnelle que s’apprête à vivre la population du département, qui sera confinée sur ordre de la préfecture.
« Ne vous démoralisez pas » : tout juste nommé Premier ministre, Gabriel Attal rencontre les sinistrés du Pas-de-Calais
Fraîchement nommé, Gabriel Attal a dédié son premier déplacement en tant que Premier ministre aux victimes des inondations dans le Pas-de-Calais. Il leur a assuré de la « solidarité de tout le pays ».