Greenpeace épingle les 4413 fermes industrielles françaises
L’association a recensé 4413 élevages de taille industrielle dans l’Hexagone. Autant de sites qui ont un impact non négligeable sur l’environnement et que l’ONG souhaiterait voir disparaître.
Ah, le terroir à la française ! Ces poulets nourris aux grains qui gambadent au milieu d'un pré, ces vaches qui broutent de l'herbe verte au cœur d'un paysage bucolique. Cette agriculture de carte postale, dont l'image est véhiculée à longueur de publicités, est pourtant très éloignée de la réalité. Plus de la moitié des porcs, poulets et œufs sont produits par 1 % des exploitations.
Se fondant sur la base de données du ministère de l'Ecologie, l'association Greenpeace publie ce lundi une carte de France inédite de ces 4413 fermes-usines, que nous vous dévoilons en avant-première. Ces élevages ne sont en rien comparables aux petites fermes gérées à taille humaine par des paysans. Elles sont d'ailleurs répertoriées comme des installations classées, en raison des risques qu'elles présentent pour l'environnement. L'ONG a recensé des sites comptant plus de 1000 vaches, 15 000 porcs ou 185 000 poules pondeuses !
Pollution de l'eau, de l'air et des sols
« Le Grand Ouest, et en particulier la Bretagne, est de loin le plus concerné par ces méga fermes », souligne Greenpeace qui s'inquiète des risques sanitaires et environnementaux de ces mastodontes. « Outre les conséquences désastreuses de ces fermes-usines sur la pollution de l'eau aux nitrates - qui s'est traduite par la multiplication des algues vertes en Bretagne -, certaines émettent de l'ammoniac dans l'air, à l'origine de pathologies au sein de la population locale », dénonce Suzanne Dalle, chargée des dossiers agriculture au sein de l'association.
Greenpeace cite notamment l'exemple d'un poulailler géant à l'origine de maladies dans un village du Tarn. Il y a aussi cette ferme-usine de cochons dans le Finistère qui produit 26 000 porcs par an : « En plus des odeurs et du bruit, le site produit 60 t de lisier par jour, détaille l'ONG. En avril 2018, 100 000 t de lisier s'étaient déversés par accident dans la rivière du coin, entraînant une mortalité très importante de poissons et polluant le ruisseau sur une distance de douze kilomètres. »
48 millions d'euros d'aides publiques
Il y a enfin ce projet de porcherie industrielle dans le sud-ouest qui alimente la filière du jambon de Bayonne et ambitionne de s'agrandir pour atteindre une capacité de 37 000 bêtes par an, au grand dam des petits élevages familiaux béarnais. « Trop, c'est trop, tonne Suzanne Dalle. Ce modèle d'agriculture n'est pas bon pour l'environnement, pas bon pour notre santé, pas bon non plus pour le climat puisque l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre, soit autant que le secteur des transports. »
A l'appui de cette carte qui recense des fermes-usines dans pas moins de 2340 communes françaises, Greenpeace exige que tous les projets de création ou d'extension de ces exploitations géantes soient gelés. Elle souhaiterait aussi que la politique agricole commune (PAC) européenne ne finance plus ce modèle industriel. D'après l'ONG, ces fermes-usines ont en effet bénéficié de pas moins de 48 M€ de subventions publiques de l'Etat ou en provenance de la PAC.