Moins d’un quart de la surface terrestre et 13 % des espaces maritimes dans le monde sont encore vierges de l’activité humaine. Vingt pays concentrent à eux seuls 94 % de ces zones encore sauvages, critiques pour la biodiversité et le climat.


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    Il y a 100 ans, 85 % de la planète était encore à l'état sauvage. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 23 %. Entre 1993 et 2009, une surface équivalente à celle de l'Inde (3,3 millions de km2) a ainsi été modifiée ou convertie par l'Homme pour l'exploitation forestière, minière, l'agriculture ou l'urbanisation. Du côté maritime, c'est encore pire : à peine 13 % des océans seraient encore vierges, d'après une étude de 2018. Alors où peut-on encore trouver ces rares coins de nature intacte ? Cinq pays concentrent à eux seuls 70 % des espaces sauvages de la planète (si l'on excepte l'Antarctique et la haute mer) : il s'agit de la Russie, du Canada, de l'Australie, des États-Unis et du Brésil. Grâce à ses 11,7 millions de km² d'espace maritime, la plus grande zone économique exclusive au monde devant celle des États-unis, la France arrive sixième.

    70 % des espaces sauvages de la planète sont concentrés dans seulement cinq pays. © Céline Deluzarche, Futura, d’après James R.Allan<br> 
    70 % des espaces sauvages de la planète sont concentrés dans seulement cinq pays. © Céline Deluzarche, Futura, d’après James R.Allan
     

    Un réservoir unique de biodiversité

    Parmi ces espaces vierges figurent les vastes taïgas de la Russie, les forêts boréalesforêts boréales canadiennes, la toundra de l'Alaska ou encore la forêt amazonienne au Brésil. En Australie, il s'agit surtout de déserts. « Ces quelques pays ont une énorme responsabilité pour préserver les dernières régions sauvages », avertit James Watson, professeur à l'université du Queensland. Car l'artificialisation des sols et la perte de biodiversité sont bien souvent irréversibles. Ces espaces sauvages jouent aussi un important rôle dans la séquestration du carbonecarbone atmosphérique.

    Les forêts boréales russes et canadiennes constituent les rares espaces encore sauvages sur Terre. © James R.Allan, Nature, 2018.
    Les forêts boréales russes et canadiennes constituent les rares espaces encore sauvages sur Terre. © James R.Allan, Nature, 2018.

    Malheureusement les pays concernés semblent peu préoccupés par la protection de l'environnement. La Russie mise par exemple sur le développement de la route maritime du Nord de l'Arctique, rendu plus praticable avec la fontefonte des glaces causée par le réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Donald Trump veut réduire la taille de plusieurs sites naturels protégés et le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, ouvertement favorable à l'agrobusiness, fait craindre pour l'avenir de la forêt amazonienne.