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Près de 7 millions de personnes touchées par la précarité énergétique

Près de 7 millions de personnes sont considérées comme étant en situation de précarité énergétique, a indiqué ce 23 novembre l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), à l'occasion de son troisième colloque national à Bordeaux. L'observatoire publie à partir de cette année un indicateur fondé sur le taux d'effort énergétique annuel qui vient compléter les données fournies par l'enquête nationale Logement, actualisée tous les sept ans. Cet indicateur correspond au nombre de ménages pauvres et modestes qui consacrent plus de 8% de leurs revenus au paiement de la facture énergétique de leur logement. Il est complété par un indicateur du froid ressenti déclaré par les ménages ressentant un niveau d'inconfort thermique lié à un équipement de chauffage défaillant ou une mauvaise isolation.
L'an dernier, le seuil de précarité énergétique était fixé à 10% des revenus, ce qui empêche la comparaison entre le rapport de 2016 et celui qui vient d'être publié. Selon l'ancien calcul, près de 6 millions étaient touchés par la précarité énergétique.
Le nouveau rapport précise toutefois que le phénomène a très légèrement diminué depuis 2013. Le principal facteur de ce recul est lié est à la météo : l'hiver 2013 a été particulièrement rigoureux, celui de 2017 plus doux que la moyenne observée depuis 30 ans. "Si l'on corrige l'impact conjoncturel de la météo, ce faible recul du phénomène demeure, mais est encore plus modéré, principalement en raison de la baisse des consommations d'énergie dans les logements (amélioration tendancielle des performances énergétiques de logements), dans un contexte où le prix de l'énergie toutes taxes comprises est resté stable jusqu'en 2017", précise l'ONPE. Selon un sondage du médiateur national de l'énergie, 30% de l'ensemble des Français ont restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées et 15% d'entre eux ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement au cours du dernier hiver.
L'ONPE souligne aussi l'existence de fortes disparités selon les régions. "Outre la situation géographique, d'autres facteurs peuvent expliquer un taux de vulnérabilité plus élevé dans certains territoires : le revenu, la superficie et le type de logement, la période de construction du logement, l'énergie utilisée", indique-t-il. Deux zones géographiques sont particulièrement touchées : l’Est et le Centre alors que le taux d’effort énergétique est plus faible dans le Sud de la France et en Île-de-France.
Face à cette situation, la loi sur la transition énergétique votée en 2015 a instauré un dispositif de "chèque énergie" pour aider les ménages aux faibles revenus à payer leurs factures ou à réaliser des travaux de rénovation énergétique. En 2018, pour sa première année d'existence, ce chèque a bénéficié à 3,6 millions de ménages, pour un montant allant de 48 à 227 euros. Le gouvernement a par ailleurs annoncé que le chèque allait être étendu à 5,8 millions de ménages en 2019 et augmenté de 50 euros.
Le nombre de ménages bénéficiant du programme "Habiter mieux" de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) est reparti à la hausse en 2017 avec plus de 52.000 ménages aidés. Et le Grand Plan d’investissement 2018-2020 renforce le budget du programme Habiter mieux à hauteur de 1,2 milliard d’euros afin de financer la rénovation de 75.000 logements par an, soit 375.000 avant 2022. "Pour autant, note l'observatoire, une étude sur les dispositifs d’aide, les personnes éligibles et les bénéficiaires montre que l’aide nécessaire pour sortir l’ensemble des ménages en précarité énergétique s’élèverait à 3,1 milliards d’euros par an. Il s’agit du montant qu’il conviendrait d’accorder aux ménages en précarité énergétique pour que leur taux d’effort énergétique soit inférieur à 8%. Cela représenterait en moyenne près de 710 euros/logement/an."

 

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