"J'ai été victime de violences, d'agressions jusqu'au viol, qui ont été répétées pendant de nombreuses années": il y a 25 ans, Brahim Naït-Balk vivait dans la cité d'Aulnay-sous-Bois. Il n'avait pas encore rendu publique, ni accepté son homosexualité. Mais ses agresseurs "avaient senti" chez lui "une sensibilité, explique-t-il. Ils se permettaient de m'agresser, pour 'casser du pédé', pour montrer qu'ils n'étaient pas 'homo'". Insultes, coups, viols, il affronte le pire, et se tait.

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SIGNEZ L'APPEL DE L'EXPRESS >> Un homo agressé toutes les 33 heures: assez !

Il a longtemps caché son histoire à ses proches. Il l'a racontée il y a neuf ans dans un livre, Un Homo dans la cité (Calmann-Lévy). Il y disait enfin son homosexualité, après des années à vivre caché. "C'était soit le livre, soit le suicide", avoue-t-il aujourd'hui.

"La moindre insulte fait mal"

Depuis, Brahim a déménagé. Mais, loin de la cité, il subit toujours la violence de l'homophobie. "Je continue de me faire insulter. Il y a cinq ou six mois, des jeunes en groupe m'ont reconnu dans la rue. Des mômes, de 15-16 ans, qui pourraient être mes enfants. Ils ont osé me traiter de 'sale pédé' et autres". D'un geste de la main, Brahim passe les détails, mais le traumatisme est intact. "La moindre insulte fait mal, je reviens naturellement en arrière... avec tout ce que j'ai subi".

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Après s'être "trop longtemps caché", il témoigne désormais ouvertement. La lutte contre l'homophobie, la libéralisation de la parole, il en a fait son combat, sa "thérapie". Les mentalités ont du mal à changer, explique-t-il, mais "une parole se libère, les jeunes osent se rendre visibles et porter plainte". Plusieurs d'entre eux témoignent dans les pages de L'Express, cette semaine, avec un objectif: faire cesser les agressions.

Aux derniers pointages du ministère de l'Intérieur, 1026 infractions homophobes ou transphobes ont été relevées en 2017, dont 262 agressions physiques. Une toutes les 33 heures. Sur les neuf premiers mois de 2018, les plaintes ont encore crû de 15%...

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