C’est une grande victoire pour les travailleurs coréens du géant de l’électronique. Après plus de dix ans de bataille, Samsung a enfin reconnu avoir exposé les ouvriers de ses usines à des produits toxiques sans protection et sans information sur leur dangerosité. Le leader mondial du smartphone devra verser jusqu’à 116 000 euros pour chaque employé souffrant de maladies graves.

Il aura fallu plus de dix ans – et au moins 70 décès – pour que Samsung reconnaisse avoir exposé ses ouvrières à des produits toxiques sans les informer de leur dangerosité ni les protéger. Le leader mondial du smartphone devra verser jusqu’à 116 000 euros pour chaque employé souffrant de maladies graves. Au total, 200 personnes, pour la plupart des femmes de moins de 30 ans, sont concernées.
En 2007, après le décès de deux jeunes femmes atteintes de leucémie, reconnu par la justice comme des "accidents industriels", un mouvement de contestation s’est levé en Corée du Sud, porté notamment par l’association Sharps. En mai 2014, le géant de l’électronique concède des excuses publiques qui font la Une des journaux sud-coréens mais refuse de reconnaître le lien entre les conditions de travail dans ses usines et les cas de cancers chez ses ouvriers.
La décision d’indemniser finalement toutes les victimes, annoncée le 1er novembre par le comité de médiation, constitue donc une nouvelle historique. Tous les employés, ainsi que les sous-traitants de la société ayant travaillé dans les usines de production de semi-conducteurs et d’écrans de Samsung pendant plus d’un an depuis 1984, peuvent y prétendre s’ils sont malades. C’est également le cas pour les ayants droit des 70 travailleuses décédées.
Pratiques commerciales trompeuses
En France, Samsung, et sa filiale française, Samsung Electronics France, font l’objet d’une information judiciaire suite à la plainte déposée par Sherpa et ActionAid France-Peuples solidaires pour pratiques commerciales trompeuses, le 25 juin dernier. Elles accusent le mastodonte sud-coréen d’employer des enfants de moins de seize ans, de pratiquer des horaires de travail abusifs, d’utiliser des produits toxiques et de proposer des hébergements incompatibles avec la dignité humaine.
Des faits qui contredisent les engagements éthiques et le propre code de conduite du groupe et qui constituent, selon les associations, des "pratiques commerciales trompeuses" pour les consommateurs français. "Plus que jamais, l’écart entre la réalité de ces travailleuses, les maladies et les décès, et les engagements éthiques pris par Samsung, doit être sanctionné par la justice française" dénonce Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux à Sherpa.
Les ONG peuvent s’appuyer sur un contexte favorable en France avec l’adoption en mars 2017 de la loi sur le devoir de vigilance qui oblige les grands groupes à prévenir les violations des droits humains sur l’ensemble de leur chaîne de valeur.  
Concepcion Alvarez @conce1

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