Gers : le policier se moquait d'handicapés qu'il prenait en photos durant son service

  • La recette provenait de la foire de Castres. L'enquête a été confiée au SRPJ
    La recette provenait de la foire de Castres. L'enquête a été confiée au SRPJ Photo DDM illustration
Publié le , mis à jour
SERGE BOULBES

L'Inspection générale de la police a fait plusieurs «descentes» au commissariat d'Auch. Dans le collimateur en particulier, un policier auteur d'un grave manquement à la déontologie : en service, il photographiait des handicapés et se moquait d'eux.

Ces derniers mois, l’Inspection générale de la police nationale a fait plusieurs « descentes » au commissariat d’Auch (Gers). Dans son collimateur, des dérapages de fonctionnaires dont un qui débouche sur la présentation du policier incriminé devant une commission de discipline où il risque de voir très compromises les suites de sa carrière.

Deux dossiers distincts... gravités distinctes

« Tous les fonctionnaires de police travaillent correctement. Une poignée – dont un en particulier – a manifestement commis des actes indignes » : la procureur de la République d’Auch, Charlotte Beluet, interrogée par nos soins sur une « sale affaire » qui impacte le commissariat auscitain, ne mâche pas ses mots. L’inspection générale de la police (IGPN) a achevé récemment son travail et rendu ses conclusions dans la foulée : avertissements sans frais pour une dizaine de fonctionnaires et conseil de discipline pour un autre. Deux suites distinctes car deux dossiers distincts avec gravités estimées différentes. Mais, un dénominateur commun : Internet et ses réseaux sociaux. Tous les dossiers ont été examinés par le petit bout de la lorgnette par le parquet auscitain qui n’a pas apprécié du tout les « manquements à la déontologie », mais qui a dû se résoudre à constater qu’ils « ne faisaient pas l’objet une infraction pénale ».

Pour les faits jugés les plus graves : un policier, alors qu’il se trouvait en service, prenait des photos de personnes présentant un physique particulier ! Des sales gueules : « Il s’amusait à prendre des photos de personnes handicapées et vulnérables en se moquant ostensiblement de celles-ci », confirme le parquet. Des personnes si précaires et fragiles que depuis la commission des faits certaines sont décédées !

"Manquements graves"

Ce fonctionnaire de 54 ans a dû rendre des comptes sur ses agissements dès le mois de mai 2017. La découverte fortuite de sa forfaiture sur le réseau intranet de la police nationale (!) a enclenché immédiatement deux procédures : l’une administrative et l’autre judiciaire. Si sur le terrain pénal, pour des questions de procédure, la procureur a été contrainte de ne point poursuivre, « car ces manquements graves au devoir de respecter la dignité de la personne et d’exemplarité ne recouvrent pas d’infractions pénales », l’enquête administrative, elle, a fait débouler l’IGPN au moins deux fois au commissariat.

Photos pour des peintures

L’IGPN, elle, n’a pas été soumise à des contraintes du même ordre : le fonctionnaire de police amateur de photos très discutables a été entendu par ses collègues « bœuf-carottes ». Pour tenter d’expliquer sa manie douteuse, il aurait indiqué être peintre amateur et qu’il souhaitait se servir des photos prises pour s’en inspirer et faire « des portraits de personnes atypiques ». Un test de ses talents n’aurait apparemment guère convaincu.

Lourde sanction envisageable

Fin juin dernier, l’IGPN a achevé son enquête administrative. En ce début d’automne, le fonctionnaire incriminé a été informé qu’il allait devoir passer devant la commission de discipline ! Si les arguments qu’il devrait avancer à nouveau pour sa défense ne sont toujours entendus, une sanction lourde de conséquence pourrait lui être alors notifiée.

« Je trouve ce genre de comportement déplorable. Les premiers à en souffrir ce sont d’abord les policiers eux-mêmes, lance la procureur. C’est donc d’abord pour eux, et leur image, que l’on doit donner des réponses adaptées. »

 

NB : Interrogées, les organisations syndicales SGP-FO, SD 32 FPIP et Alliance Police n’ont pas souhaité commenter.


Un autre dérapage mais sur Facebook

Le dossier où figure le plus de mis en cause, relève heureusement plus d’un désagréable « enfantillage » que d’une volonté de nuire. Il illustre une nouvelle fois les tentations nuisibles que peuvent susciter les réseaux sociaux.

Besoin de reconnaissance ? Frustration en raison d’un défaut de communication en direction des citoyens via les canaux habituels, dont la presse ? Un petit groupe de policiers a décidé de faire partager quelques-unes de ses activités et interventions en ayant recours au fameux réseau Facebook. Leur page intitulée "Nuit 32" a fait circuler quelques photos, quelques « like », quelques commentaires « parfois inappropriés », selon le commentaire désolé de la procureur qui regrette « ces dérapages ». L’IGPN a entendu les fautifs qui se sont fait sermonner. Mais tous auraient su convaincre d’une certaine bonne foi et ne devraient hériter que d’un avertissement. Leçon comprise en tout cas.

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Les commentaires (49)
Laken-SW Il y a 5 années Le 11/01/2019 à 18:17

Le commissariat d'Auch ou La cour des Minables

Cette histoire ne m'étonne malheureusement pas beaucoup, hélas.
Hélas, parce qu'à voir comment exercent certains policiers auscitains (pas tous heureusement), je ne suis pas surpris.

A force de s'ennuyer, les fonctionnaires de police gersois finissent donc par produire de tels actes. On peut se poser opportunément la question s'ils n'ont pas mieux à faire que de dresser un sinistre tableau des handicaps rencontrés au cours de leur patrouille.
Je plains les policiers œuvrant en des endroits bien plus difficiles (La Courneuve, Le Mirail, etc...) lorsqu'ils voient pareille oisiveté de la part de leurs collègues se transformer en d'abjectes comportements.

Mais la hiérarchie dans tous ça ? N'a t-elle pas pu prévenir une telle situation ?
J'imagine que ces membres de la hiérarchique du commissariat d'Auch ont été affectés là en province tranquille et, qu'à force de pantoufler, ils se sont engourdis dans le confort,
lamentablement parachutés par l'Etat français sur une chaise de chef {cheffes] depuis bien trop longtemps.
Ces derniers ne fourniront donc qu'une production à minima dont l'oeuvre essentielle sera de survivre à toutes choses en tous lieux dans le but suprême de perdurer coûte que coûte dans leur boulot qui leur sert de subsistance.

Je vous rassure. J'imagine aisément que ces derniers ne sont attaqués ni par les remords, ni par la honte, ni par le questionnement, ces gens n'en vieillissent que mieux, ils vivent de longues existences et bien faisandées dans le jus tiède de leur propre veulerie.
Ils se tiennent à l'abri du doute, du remords, de l'atermoiement et ne se posent aucunement la question de ce qu'ils ont à faire pour leur pays ou pour les personnels qu'ils commandent.

Leur existence est un triomphe permanent puisque leurs victoires sont autant de petites batailles gagnées d'avance : oublier les difficultés de leurs collègues parisiens, économiser 20 cts sur le kilo de foie gras, arriver à 08h10 au lieu de 08h00 au travail, en tirer une gloire profonde et durable, se régaler de voir chuter ceux qui essayent, trouver du courage dans les actes les plus lâches, transformer les actes de tricheries en choix moraux et partisans, s'attribuer le mérite des absents, gagner l'imperdable et ne jamais tenter le moindre risque.

Ce type d'être survit à tout et ce, depuis la nuit des temps. Il survit aux guerres, aux génocides, aux tranchées, aux famines,et à la modernité qui avale les braves et les courageux.
Ce type d'être survit aux déracinements, aux changements, aux duels, au poids du souvenir, à l'enfer, à la beauté aussi.
Il n'éprouve aucune sorte d'attirance pour le sacrifice de son propre intérêt au service du beau geste.

On dirait que les policiers d'Auch ne sont émus que par leurs propres pirouettes, leurs coups en douce.

J'exprime mon hommage et mon respect à tous les fonctionnaires de police et les militaires de la Gendarmerie qui exercent dans la dignité et le courage, qui savent ce que servir veut dire.

Mais une telle attitude qui nous renvoit au fameux mur des cons d'un syndicat de magistrats, ne peut être que condamnée avec la plus grande fermeté.

ZAZA28 Il y a 5 années Le 07/12/2018 à 22:36

Comment faites-vous pour répondre à des posts refusés ?
d'ailleurs, je me demande bien en quoi il ne correspondent pas à la charte de modération...

je n'ai pas dit un seul gros mot.

Vaniareviensencore Il y a 5 années Le 07/12/2018 à 10:41

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