Vie de malade : "J'ai eu deux cancers, mon médecin m'a dit de mentir à la banque"

Vie de malade : "J'ai eu deux cancers, mon médecin m'a dit de mentir à la banque"
Jean a eu deux cancers avant ses 30 ans. (DR)

VIE DE MALADE. Jean, qui a été gravement atteint, ne peut emprunter, à moins de payer des primes d'assurance exorbitantes. Il raconte sa triche assumée.

Par Bérénice Rocfort-Giovanni
· Publié le · Mis à jour le
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Vous avez déjà été malade. Dans votre parcours de patient, vous avez sans doute vécu un moment particulier, heureux ou tragique ; une rencontre avec un médecin hors norme ; entendu une parole de soignant qui a changé votre regard sur la maladie ou qui vous a blessé ; vécu la transformation de votre corps, une séparation ou une réconciliation ; rencontré un autre malade ou l'amour de votre vie ; reçu le message d'un collègue qui vous a touché ; effectué une reconversion professionnelle… N'hésitez pas à nous le raconter en écrivant à brg@nouvelobs.com.

Alors qu'il a de solides économies et une situation professionnelle stable, Jean (prénom modifié) ne peut pas emprunter. Gravement malade avant ses 30 ans, il est persona non grata à la banque. Il a dû apprendre à ruser.

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C'est arrivé comme ça au milieu de la consultation, je ne m'y attendais pas du tout. Le chirurgien stomatologue qui m'a opéré de mon cancer de la langue a pris les devants : "Si vous voulez emprunter pour acheter un appartement, mentez à la banque, ne dites jamais que vous avez été malade." Il est allé plus loin : "Tant que vous payez votre crédit et que vous vous taisez, tout ira bien. Mais si jamais vous rechutez, la banque peut s'intéresser à votre passé médical et exiger de moi la remise de votre dossier. Dans ce cas-là, je m'arrangerai personnellement pour le perdre. Je n'en ai conservé aucune version numérique."

Je n'avais jusque-là jamais envisagé ce problème. Quand on est jeune, on n'a pas conscience de tout ça, on ne pense pas à prendre un crédit immobilier, surtout au milieu de traitements lourds. A mon retour à la maison, j'ai beaucoup cogité. A 26 ans, j'ai enchaîné deux cancers avec, à chaque fois, chirurgie, chimio et radiothérapie : un à la langue étendu aux ganglions, puis un autre au rein, deux ans plus tard. Les médecins pensent que c'est parce que je suis immunodéprimé.  

La double peine

J'ai aujourd'hui 33 ans, un emploi stable de fonctionnaire et 140.000 euros de côté, car j'ai très bien gagné ma vie pendant les deux, trois ans où j'ai bossé dans le privé.

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