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Ca se passe en Europe : l'Italie ne ratifiera pas le Pacte de l'ONU sur les migrations

Le président du Conseil italien a annoncé mercredi que son pays ne participera pas à la conférence de Marrakech les 10 et 11 décembre, où sera signé le texte.

Les députés italiens viennent d'adopter, après les sénateurs, un décret-loi controversé sur la sécurité et l'immigration (photo : Giuseppe Conte, le président du Conseil)
Les députés italiens viennent d'adopter, après les sénateurs, un décret-loi controversé sur la sécurité et l'immigration (photo : Giuseppe Conte, le président du Conseil) (Riccardo Antimiani/AP/SIPA)

Par Olivier Tosseri

Publié le 29 nov. 2018 à 06:11

Le gouvernement de Giuseppe Conte ferme les ports italiens aux navires sauvant les migrants en Méditerrannée et n'ouvre aucun dialogue sur ce dossier avec ses partenaires internationaux. Sur la pression de son ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, le président du conseil a publié mercredi un communiqué dans lequel il annonce que son pays ne participera pas à la conférence de Marrakech les 10 et 11 décembre, où sera signé le Pacte de l'ONU sur les migrations .

Non contraignant, ce document de 25 pages recense une série de principes telle la défense des droits de l'Homme et des enfants ou la reconnaissance de la souveraineté nationale, ainsi qu'une vingtaine de propositions pour aider les pays à faire face aux défis migratoires grâce notamment à une meilleure information, une plus grande intégration des migrants et des échanges plus nombreux entre experts.

A l'opposé de Salvini

Tout l'inverse de la politique promue par Matteo Salvini . « Le Pacte sur les migrations est un document qui traite de sujets et de questions pour lesquels les citoyens se sentent concernés », précise le communiqué de la présidence du Conseil italienne qui le soumettra au Parlement. Autant dire la fin de tout espoir de son adoption.

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Les députés italiens viennent en effet tout juste d'adopter, après les sénateurs, un décret-loi controversé sur la sécurité et l'immigration. Principal cheval de bataille de Matteo Salvini, il remplace les permis de séjour humanitaires, actuellement octroyés à 25 % des demandeurs d'asile et d'une durée de deux ans, par divers autres permis d'une durée plus courte et plus difficile à obtenir. Un simple vol entraînera leur retrait, et une procédure d'urgence est en outre prévue afin de pouvoir expulser tout demandeur se montrant « dangereux », terme suffisamment vague pour donner aux forces de l'ordre toute la latitude nécessaire dans leurs évaluations.

Les politiques d'intégration sont par ailleurs supprimées. Quant aux demandeurs d'asile, qui étaient encore 146.000 fin octobre en Italie, ils seront regroupés dans de grands centres par mesures d'économies.

100.000 sans-papiers supplémentaires

D'après les estimations, ces mesures contraignantes pour obtenir des permis de séjour et la facilité accrue pour les perdre sera à l'origine, ces deux prochaines années, de 100.000 sans-papiers supplémentaires. Un paradoxe, alors que Matteo Salvini promettait d'expulser au plus vite 600.000 clandestins.

Le M5S a dû, une nouvelle fois, se plier aux desiderata de la Ligue, son alliée. Ses nombreux amendements déposés pour entraver ou modifier un décret qui dérange une large frange de son électorat ont été retirés, et un vote de confiance a eu raison des dernières résistances. « Il y a une hémorragie d'humanité dans notre pays mais il y a aussi une hémorragie de mémoire, a réagi Don Luigi Ciotti, symbole de la lutte contre la mafia et de l'aide aux plus démunis. Nous avons oublié notre histoire de migrants, nos fatigues, nos peurs, les humiliations subies par nos grands-pères et nos pères à travers le monde. »

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

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