Interdiction de la fessée : la loi suédoise a fait reculer la délinquance

Moins de maltraitance, de délinquance, de suicides… La Suède a été le premier pays à prohiber les châtiments corporels, en 1979.

 En France, on estime que les trois quarts des cas de maltraitance sont des punitions de pères ou de mères qui n’ont pas su gérer l’escalade.
En France, on estime que les trois quarts des cas de maltraitance sont des punitions de pères ou de mères qui n’ont pas su gérer l’escalade. LP/Olivier Corsan

    Lorsque la Suède devient, en 1979, le premier pays à interdire les châtiments corporels, 70 % de la population y est opposée. Presque 40 ans plus tard, 95 % approuvent la mesure. Il faut dire que les effets positifs de cette loi sont aujourd'hui très palpables.

    Le taux de maltraitance a progressivement diminué jusqu'à devenir quasi-nul. 86 % des Suédois nés dans les années 1980 n'ont jamais été frappés et la quasi-totalité des parents n'envisagent plus les châtiments corporels comme une méthode d'éducation.

    Entre 1982 et 1995, les placements en foyer ont diminué de 26 %, tout comme les vols chez les 15-17 ans (-21 % entre 1975 et 1995). La consommation de drogue et d'alcool, ainsi que les suicides ont aussi baissé. Des prisons ont fermé, faute de détenus. Des phénomènes que les spécialistes mettent au crédit de cette éducation non-violente.

    D'après eux, la loi seule ne suffit pas à expliquer ce changement de mentalité. L'interdiction des châtiments corporels s'est en effet accompagnée de campagnes de prévention et de nombreux groupes de soutien sont organisés pour les parents qui pourraient connaître des difficultés à asseoir leur autorité. En France, on estime que les trois quarts des cas de maltraitance sont des punitions de pères ou de mères qui n'ont pas su gérer l'escalade.

    Les dérives de «l'enfant-roi»

    Selon l'étude « Impact en Europe de l'interdiction des châtiments corporels », de Kai-D. Bussmann, Claudia Erthal et Andreas Schroth, parue en 2012 dans la revue « Déviance et Société », « il ne fait plus aucun doute que l'interdiction de la violence éducative a un effet de réduction de la violence. »

    Le modèle suédois a cependant ses détracteurs. L'interdiction des châtiments corporels aurait conduit à un certain laxisme, selon ses opposants. C'est la théorie de David Eberhard, auteur de « Hur barnen tog makten » (« Comment les enfants ont pris le pouvoir »). Le psychiatre dénonce dans cet essai l'absence de fermeté des adultes, la perte de repères et les dérives de « l'enfant-roi ».