75% des Français approuvent les gilets jaunes, un soutien en hausse de 5 points

Non, en s'inscrivant dans la durée, les gilets jaunes ne voient pas le soutien populaire dont ils bénéficient s'éroder, bien au contraire. Selon notre dernier sondage "L'opinion en direct", réalisé par l'institut Elabe mardi après-midi après le discours d'Emmanuel Macron et diffusé ce mercredi après-midi, les Français sont 75% à approuver leur mobilisation, quatre jours après la manifestation sur les Champs-Elysées émaillée de quelques débordements, un satisfecit en hausse de cinq points en une semaine. 

Plébiscite

Seuls 17% des sondés déclarent être désaccord avec le mouvement. Dans le détail, ce soutien se nuance si on examine attentivement les différents milieux sociaux. Il est de 75% chez les classes moyennes, en progression de dix points, les classes populaires l'approuvent à hauteur de 83%, un gain de huit points. Alors que le phénomène est souvent présenté comme l'expression d'une France périphérique au bord de la rupture, il apparaît qu'il jouit d'une impressionnante statistique dans les communes rurales: 83% des habitants le valident (+4 points). Ils sont 77% (+5 points) à répondre dans le même sens dans les petites villes, et 80% (+4 points) dans les agglomérations moyennes.

Si dans les concentrations plus importantes, les gilets jaunes ne tutoient pas les mêmes sommets, ils restent auréolés d'une bienveillance considérable: 70% des riverains des grandes agglomérations, forts d'un bond de huit points, voient leur colère d'un bon œil, et les Parisiens sont 68% (+5 points) à témoigner de leur soutien. 

Les Français confrontés à une situation financière difficile approuvent les gilets jaunes pour 84% d'entre eux, gagnant trois points au passage, tandis que ce soutien parmi nos concitoyens plus aisés est jaugé à 67% (ce qui implique tout de même une croissance de sept points). En revanche, le soutien des cadres décroît significativement bien que toujours majoritaire (56%, en baisse de 9 points). 

Parmi les mouvements les plus populaires 

Ces données placent les gilets jaunes parmi les mouvements sociaux les plus populaires auprès de l'opinion publique de ces dernières années: seules la manifestation des policiers dénonçant le manque de moyens d'octobre 2016, celle du personnel des EHPAD et des retraités de mars dernier les surpassant, ayant atteint respectivement 88%, 86% et 81% d'approbation en leur temps. 

Si l'étude de ce plébiscite des gilets jaunes prend un tour plus politique, on note que le soutien à la formulation de ce ras-le-bol fiscal et social est particulièrement marqué parmi les électeurs de Marine Le Pen lors du premier tour de la présidentielle avec 91% de supporteurs en leur sein (+ 9 points). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon suivent de près, avec un score de 86%, avec une hausse identique. Les "fillonistes" leur emboîtent le pas pour 70% d'entre eux (+ 8 points) et une majorité de pro-gilets jaunes se dégage même chez les gens ayant voté pour Emmanuel Macron (52%, + 3 points). 

20% des Français déclarent être des gilets jaunes

Soutenir et être, voilà deux choses différentes. Mais là encore, les chiffres montrent un panorama favorable aux gilets jaunes: 20% des Français déclarent être eux-mêmes des gilets jaunes. Cette identification opère surtout parmi les personnes les plus en difficultés financièrement, les classes populaires plus largement et les ruraux. 27% des membres de ces trois segments de la population affirment ainsi faire partie du mouvement. 42% des électeurs de Marine Le Pen proclament leur appartenance aux cortèges, et 20% de ceux de Jean-Luc Mélenchon en font autant. Le niveau tombe à 16% parmi ceux qui ont choisi François Fillon lors du premier tour du scrutin présidentiel et sous les 10% pour le camp de Benoît Hamon (9%) et Emmanuel Macron (5%). 

Les propositions d'Emmanuel Macron, et sa volonté d'ouvrir une "grande concertation" dans les territoires au sujet de la transition écologique et sociale, n'ont visiblement pas convaincu les Français. 81% d'entre eux estiment ainsi que l'exécutif n'est "pas à l'écoute" des manifestants (et même "pas du tout" pour 48%). 

Un vaste soutien populaire, une identification considérable au mouvement, un exécutif jugé sévèrement dans les réponses qu'il apporte, tout ça ne pointe pas en direction d'une sortie de crise pour le pouvoir. 69% des Français pensent d'ailleurs que les gilets jaunes doivent poursuivre leur action.