Epidémies, menaces sur l’agriculture, pollution… La face cachée du réchauffement climatique

Un rapport publié ce jeudi met en lumière l’impact des canicules et autres épisodes météo extrêmes, alors que s’ouvre lundi la conférence mondiale sur le climat.

 Pékin (Chine). Les habitants des villes vivent dans un air pollué, une conséquence de la dépendance au carbone et aux énergies fossiles.
Pékin (Chine). Les habitants des villes vivent dans un air pollué, une conséquence de la dépendance au carbone et aux énergies fossiles. Imaginechina

    Résumer l'impact du réchauffement de la planète à la fonte de la banquise revient à se focaliser sur la partie émergée de l'iceberg. Les responsables de la très sérieuse revue médicale The Lancet l'ont bien compris et ont décidé de tirer le signal d'alarme sur les « impacts accablants » et « le niveau de risque inadmissible sur la santé actuelle et future des populations du monde » que font courir les changements en matière de canicules.

    De plus en plus d'habitants exposés. À la veille de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui se tient du 3 au 14 décembre en Pologne, The Lancet dévoile ce jeudi un rapport accablant sur les menaces sanitaires qui pèsent sur l'humanité « si les températures continuent de grimper ». Il s'appuie sur l'expertise de climatologues, d'écologistes, de mathématiciens, de géographes, d'économistes et de médecins. D'après eux, « la vulnérabilité aux chaleurs extrêmes a augmenté régulièrement depuis 1990 dans toutes les régions du globe, avec 157 millions de personnes supplémentaires exposées aux événements caniculaires en 2017, comparé à l'année 2000 ».

    Des épidémies en hausse. Les scientifiques estiment que « même des variations mesurées de température et de précipitations peuvent engendrer de grands changements dans la transmission d'importantes maladies ». Le rapport s'inquiète d'une « augmentation de la capacité de transmission de maladies comme la dengue, le paludisme et le choléra ». Le rapport affirme notamment qu'en 2016, la capacité vectorielle mondiale pour la transmission du virus de la dengue « a atteint son plus haut niveau jamais enregistré ». En mer Baltique, dans le nord de l'Europe, la zone côtière susceptible d'être touchée par une épidémie de choléra a enregistré une hausse de 24 %.

    La qualité de l'air en berne. « La consommation mondiale de carburant par habitant a augmenté de 2 % entre 2013 et 2015 », déplore le rapport de The Lancet qui estime que « 2,8 milliards de personnes n'ont pas accès à des combustibles ou à des technologies propres, durables et sans danger pour la santé ». Conséquence de cette dépendance au carbone et aux énergies fossiles, « les habitants de plus de 90 % des villes respirent un air pollué ». Entre 2010 et 2016, les experts de The Lancet estiment que « les concentrations de polluants dans l'air se sont aggravées dans presque 70 % des villes du monde entier ».

    L'agriculture menacée. The Lancet estime que 153 milliards d'heures de travail ont été perdues l'an dernier en raison des fortes chaleurs et que 712 événements météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques ont entraîné 326 milliards de dollars de pertes économiques (289 millions d'euros). D'après une simulation effectuée par les auteurs du rapport, qui se sont appuyés sur 27 grandes institutions universitaires et agences intergouvernementales de tous les continents, 30 pays présentent déjà des tendances à la baisse en matière de rendements agricoles, ce qui pourrait à terme faire peser une menace sur leur sécurité alimentaire.