PRÉCARITÉ - Deux salles ont été réquisitionnées pour accueillir des "femmes en situation d'errance" à la Mairie de Paris. Annoncée mi-octobre par Anne Hidalgo, l'ouverture à l'Hôtel de Ville d'un espace dédié aux femmes sans-abris ou précaires devrait voir le jour avant le 15 décembre. Il sera composé d'un accueil de jour et d'un hébergement de nuit ouverts toute l'année et 7 jours sur 7.
Deux salles ont été réquisitionnées au rez-de-chaussée de l'Hôtel de Ville: la salle des Prévôts et la salle des Tapisseries. Des salons habituellement dédiés à des expositions ou à accueillir des délégations de personnalités étrangères. Ornés de colonnes, moulures et d'un lustre, ils sont actuellement en cours d'aménagement, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d'article.
L'ensemble du dispositif, intitulé la Halte pour femmes de l'Hôtel de Ville, sera géré par le Samu social de Paris. Seront accueillies des femmes SDF ou en errance, mais aussi des femmes victimes de violences au sein de leur foyer et se retrouvant sans solution d'hébergement. Au total, 75 femmes chaque jour et 50 femmes la nuit.
12% de femmes qui appellent le 115
"Depuis plusieurs années, nous avons vu le nombre de femmes seules grossir les rangs des sans-abris, a expliqué Éric Pliez, président du Samu social de Paris. Aujourd'hui, elles représentent 12% des publics accueillis et que nous repérons avec nos maraudes." En 10 ans, le nombre de femmes ayant appelé le 115 au moins une fois a augmenté de 66%.
Femmes qui lorsqu'elles sont dans la rue, sont plus exposées que les hommes. "Le problème c'est que du coup, les femmes se cachent, poursuit Eric Pliez. Il va falloir aller les chercher une par une et les inciter à venir ici." L'orientation de ces femmes vers la Halte se fera par le 115 ou par des associations partenaires.
La première salle (salle des Prévôts), accessible depuis le parvis de l'Hôtel de Ville, permettra un accueil de jour. Une équipe d'une quinzaine de travailleurs sociaux et d'agents d'accueil permanents, aidés par des bénévoles, sera sur place.
Une équipe majoritairement féminine
"Ce sera une équipe majoritairement féminine, précise Dominique Versini, adjointe à la Maire de Paris . Ce sont des femmes qui ont vécu des traumatismes, des viols, et elles ont besoin d'être entendues par des femmes qui peuvent mieux comprendre, dans leur corps, ce qu'elles ont vécu."
Les personnes pourront trouver des activités collectives et des ateliers, des bureaux dédiés à des entretiens individuels, un endroit pour les repas et collations, une bagagerie, un point de documentation et un espace de détente voire de repos. Jusqu'à 75 femmes pourront être présentes simultanément.
"Ces femmes qui errent dans la rue et ne dorment pas, si vous leur proposez un lieu où elles sont en sécurité et où elles vont pouvoir se reposer, très vite les choses se redynamisent, soutient Eric Pliez. Si l'équipe est là, bienveillante, on avancera très vite."
"Redonner un cocon à ces femmes"
Dans la seconde salle (salle des tapisseries), aménagée grâce à cloisonnement modulaire, se trouvera un espace de sommeil pouvant héberger 50 femmes la nuit. Qui pourront retrouver un peu d'intimité. "Nous avons imaginé des lits avec des paravents amovibles et une armoire, pour que les dames puissent ranger leurs affaires", explique Catherine Sellier, responsable du pôle Hébergement et Logement au Samu social.
"On n'est plus dans l'idée des grands dortoirs, précise Éric Pliez. On aurait pu avoir deux fois plus de couchages dans cet espace, en mettant des lits picots et en alignant les gens. L'idée c'est de redonner un cocon à ces personnes pour qu'elles se retrouvent un peu."
Côté sanitaire, cinq douches, dont une pour personnes à mobilité réduite, deux lavabos et cinq sanitaires sont en cours d'installation. Il sera accessible aux personnes hébergées, mais également aux personnes présentes pendant la journée. Un dîner et un petit-déjeuner seront disponibles pour les femmes dormant sur place.
"Elles ne seront pas remises à la rue au petit matin"
Elles ne seront pas remises à la rue dès le petit matin, comme dans certains foyers. "Nous souhaitons leur proposer, à leur rythme, d'intégrer ce qui sera un début d'insertion, souligne Éric Pliez. Notre objectif à nous c'est de leur laisser le temps de se reconstruire un minimum et de pouvoir ensuite les orienter vers des structures où elles pourront rester plus longtemps."
Quant au financement du projet, deux hypothèses sont à l'étude. "C'est encore en discussion, mais ce sera soit un cofinancement avec la région, soit la Ville de Paris qui payera les 785.000€ de fonctionnement annuels et les 200.000€ d'investissement" détaille Dominique Versini.
En plus de l'Hôtel de Ville, l'Armée du salut accueillera également des femmes à la Cité du refuge dans le XIIIe arrondissement. En mars, un bain douche entièrement consacré aux femmes sera également inauguré pour qu'elles puissent y recevoir des soins et se reconstruire physiquement.
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