L’histoire de l’art #MeToo

On le sait depuis longtemps, Betty Tompkins n’a pas froid aux yeux ! En 1973, sa série « Fuck Paintings », grands formats au cadrage très serré sur des parties génitales en plein coït, était censurée par la douane française. À l’époque, on ne trouvait rien de féministe à ces représentations d’inspiration porn, avant tout un moyen pour la peintre de se réapproprier le corps de la femme.

Aujourd’hui considérée comme l’une des premières artistes féministes, l’Américaine de 73 ans n’a pas perdu la main. Preuve en est sa série « Apologia » qui fait écho aux récentes affaires de harcèlements et à la vague #MeToo. Ainsi sur les murs de son exposition monographique « Will She Ever Shut Up ? » à la P.P.O.W. Gallery de New York, des pages arrachées dans des livres d’histoire de l’art, encadrées avec application, détournent des grands classiques de la peinture et de la photographie : Caravage, Ingres, Warhol, Brassaï, Newton…

Des mots roses en lettres capitales voilent les sujets principaux des tableaux reproduits : des excuses publiques d’artistes, notamment le peintre Chuck Close et le chanteur R. Kelly, accusés respectivement de harcèlement et d’abus sexuels. La série s’intitule ironiquement « Apologia » (« apologie » en français, proche du mot apologies, qui signifie « excuses ») et fait aussi la part belle aux artistes femmes, d’Artemisia Gentileschi à Gertrude Käsebier. Une nouvelle œuvre conçue comme un manifeste féministe. « Will She Ever Shut Up ? » La réponse est définitivement non !