« Otage, 332 jours pour m’évader », comment Francis Collomp a échappé à ses geôliers djihadistes

Francis Collomp

Francis Collomp DOC EN STOCK/PLANÈTE+

Ce documentaire palpitant retrace l’incroyable évasion de l’otage, détenu pendant presque un an par un groupe dissident de Boko Haram au Nigéria.

Le 19 décembre 2012, Francis Collomp est enlevé par Ansaru, une branche dissidente de l’organisation terroriste Boko Haram au Nigéria. L’ingénieur français de 63 ans travaille alors pour une entreprise française qui installe des éoliennes afin d’alimenter en électricité les villages du Nord du pays. Le soir du 19, une trentaine de djihadistes attaquent sa maison, tuent les gardes et un jeune garçon de 13 ans, Moussa, qui vient régulièrement charger son téléphone portable.

Un sac sur la tête, les mains attachées, il est emmené dans une voiture. Huit heures de route plus tard, on le pousse vers une maison. Et on l’enferme dans une pièce vide. Ses seuls compagnons ? Des rats. Son geôlier, Abdul, le menace d’emblée de l’exécuter s’il ne se conduit pas bien. Francis Collomp n’a déjà plus qu’une obsession : s’évader. « Depuis le départ, je sais que je dois me sortir de là tout seul », témoigne-il.

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Pour s’y préparer, il s’impose un rythme de vie draconien dans sa cellule de 10 m2. Tel un ingénieur méthodique, il décortique les moindres mouvements des gens qu’il entend, décrypte, enregistre, mémorise et analyse toutes les informations sur le lieu.

Grâce au « manager », le chef du commando, ses conditions de détention s’améliorent peu à peu. Il obtient un matelas, de la meilleure nourriture – il a d’emblée refusé de manger la bouillie apportée : « Je ne veux pas être traité comme un chien. Si je dois crever ici, ce ne sera pas sans résistance. J’étais content de les emmerder, j’agis comme un jeune couillon », dit-il. Il sait qu’il est une monnaie d’échange et que ses ravisseurs le garderont en vie. En janvier 2013, ils lui font lire leurs revendications dans une vidéo : « Autorisation du port du voile en France, départ des forces françaises d’Afghanistan et libération de membres du groupe djihadiste ». Il finira même par obtenir une radio. RFI est sa nouvelle compagne, « une ouverture vers la liberté ». Il y apprend l’exécution en mars des sept otages étrangers qui travaillaient pour une société de bâtiment au Nigéria puis l’assassinat des journalistes de RFI dans le Nord du Mali et, en juin, y entend sa femme Anne-Marie l’enjoindre à ne pas baisser les bras.

Malgré ses problèmes de santé – cardiaque, il a subi un pontage en 2001 -, il s’efforce de rester en forme. Il s’astreint à marcher plus de 10 km par jour autour de son matelas. Une promenade quotidienne dans la cour lui permet de s’approcher du portail, sans serrure mais au loquet rouillé, qu’il s’acharnera pendant des mois à graisser avec l’huile contenue dans sa nourriture. Il réussit à subtiliser une clé de sa cellule au gardien. Le loquet peut désormais s’ouvrir sans bruit, il planifie son départ.

Francis Collomp, le lendemain de son évasion, à l’aéroport militaire de Villacoublay.

Francis Collomp, le lendemain de son évasion, à l’aéroport militaire de Villacoublay. KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Mais au dernier moment, les djihadistes le transfèrent dans un autre lieu de détention à trois heures de là. La cellule est plus grande, avec une salle de bain et des toilettes. La routine incite son gardien, Abdul, à moins de vigilance. Francis Collomb discute beaucoup avec lui et Adbul lui demande même de lui donner ses coordonnées pour venir le voir en France ! Il finit par laisser les clefs sur la serrure quand il utilise la salle de bain pour faire ses ablutions avant la prière.

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Francis Collomp chronomètre mentalement le temps qu’y passe Abdul. Le 16 novembre 2013 à 18 heures, il prend les clés, enferme son gardien, traverse la maison et se retrouve dehors. Pour éviter de se faire repérer, il ne court pas : c’est la fin de ses 332 jours de captivité.

Raconté par Francis Collomp lui-même, et de reconstitutions de scènes, ce documentaire rend grâce à la détermination exceptionnelle d’un sexagénaire au mental d’acier. S’il ne s’agissait de sa véritable histoire, il serait digne d’un roman d’aventures ou d’un incroyable thriller.

Jeudi 29 novembre à 20h55 sur Planète +. « Otage, 332 jours pour m’évader ». Documentaire de Franck Guérin (2018). 1h10. (En multidiffusion et A la demande).

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