Noha, 10 ans, n’arrive pas à se contenir quand elle commence à nous raconter ce qu’elle a vécu : “Mon grand-père était en train de boire son café quand les agents de police de l’Autorité ont frappé à la porte. Ils sont entrés, ils ont commencé par taper sur mon oncle, puis ils ont pris mon grand-père pour le frapper à son tour.” Elle s’effondre en larmes, puis quitte la pièce, qui donne sur la grande cour intérieure de la maison, une vieille maison de Naplouse. Sa mère nous explique qu’elle fait des cauchemars et des crises d’angoisse à chaque fois qu’elle entend frapper à la porte. “Pourquoi vous ne l’emmenez pas chez le psychiatre ?” lui demandé-je. “Nous devrions tous y aller. Personne ne va bien ici. Notre foyer est dévasté.”

Le jour fatidique est celui où a été arrêté son beau-père, Ahmed Halawa [en août dernier]. Il a ensuite été torturé par les services de sécurité palestiniens. Il n’a pas fallu une heure pour qu’on annonce son décès dans les locaux de la police. La nouvelle a mis en émoi l’opinion publique de Naplouse. Il y a eu des manifestations, et une commission d’enquête a été constituée pour acter les actes de torture et pour appeler à ce que les auteurs soient jugés.

Coup fatal à la nuque

Abderrahim, le gendre d’Ahmed Halawa, a également été témoin de l’arrestation : “J’étais chez ma belle famille quand Ahmed est arrivé à la maison. Il était là depuis moins d’une heure quand on a à nouveau frappé à la porte. Cette fois-ci, c’étaient des hommes de la police, qui étaient à sa recherche. Ils n’ont pas attendu qu’on ouvre, mais ont pris d’assaut la maison. Ils se sont rués sur Ahmed pour le traîner jusqu’à leur véhicule, tout en le frappant sauvagement.”

Ahmed était soupçonné [d’avoir assassiné deux policiers]. Pendant tout le trajet vers la prison d’Al-Juneid [à Naplouse], il a été exposé aux coups et son décès a été annoncé dès l’arrivée. Selon le rapport médico-légal, il a reçu des coups sur tout le corps, dont un coup fatal avec un objet contondant sur la nuque.

Son cas met en lumière les tortures dans les prisons de l’Autorité palestinienne, tortures qui varient en fonction de la situation politique et qui ont été particulièrement graves après