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BOSNIE-HERZÉGOVINE

Bientôt -15 °C à Sarajevo : des volontaires s’activent pour protéger les migrants du grand froid

Un volontaire installe un poêle à bois dans un bâtiment abandonné où des migrants se sont réfugiés à Sarajevo. Crédit photo : AidBrigade
Un volontaire installe un poêle à bois dans un bâtiment abandonné où des migrants se sont réfugiés à Sarajevo. Crédit photo : AidBrigade
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Alors que les premiers flocons de neige tombent sur Sarajevo, des bénévoles s’organisent pour venir en aide au nombre grandissant de migrants sans domicile coincés dans la capitale de la Bosnie-Herzégovine. La plupart de ces migrants tentent de rejoindre la Croatie, membre de l’Union européenne contrairement à la Bosnie-Herzégovine, mais ne parviennent pas à passer la frontière. Compte tenu du manque de place dans les centres d’accueil de Sarajevo, entre 100 et 150 personnes se préparent à passer l’hiver dans des bâtiments abandonnés et glaciaux.

Les volontaires d’un petit collectif appelé AidBrigade, créé il y a six mois, sont des Bosniens ou des étrangers et s’activent pour isoler les bâtiments où se sont réfugiés les migrants et leur fournir des poêles à bois.

“Nous couvrons les brèches et les trous pour les protéger du vent et installons des poêles à bois”

Roos Ykema est la coordinatrice d’AidBrigade. Après avoir fait du bénévolat pour aider les migrants dans son pays natal, les Pays-Bas, mais aussi en Grèce et en Jordanie, elle a décidé de donner un coup de main en Bosnie.

La crise en Bosnie est assez récente. La route traversant la Bosnie pour aller en Croatie a commencé à se populariser l’année dernière, quand la route passant par la Serbie et la Hongrie est devenue très difficile à cause des mesures répressives de la Hongrie. Nous avons assisté à de nouvelles arrivées en Bosnie l’hiver dernier et les chiffres ont ensuite augmenté au printemps et pendant l’été. Les migrants viennent majoritairement du Pakistan, de Syrie, d’Iran et d’Afghanistan.

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À Sarajevo, environ 500 personnes vivent dans un camp géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en coopération avec le gouvernement. Il y a aussi un refuge géré par une ONG bosniaque qui accueille environ 100 personnes supplémentaires. Dans les deux cas, la priorité est donnée aux familles. Mais il reste entre 100 et 150 personnes, principalement des hommes du Pakistan, de Syrie, d’Iran et d’Afghanistan, qui vivent dans la rue. Et nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent étant donné que les tentatives de franchissement de la frontière sont moins nombreuses en hiver : elles impliquent généralement dix jours de marche et de se cacher en forêt. Plus de personnes vont probablement quitter les villes frontalières pour rejoindre Sarajevo.

Ici l’hiver est long et dur, avec des températures qui descendent généralement jusqu’à -15 °C [le 29 novembre, il faisait déjà -10 °C en soirée, NDLR]. Les réfugiés se sont installés dans des bâtiments abandonnés autour de la ville. Ils n’ont pas d’eau courante, de toilettes ou de chauffage. Certains de ces squats hébergent deux ou trois personnes, d’autres 20.

Nous avons commencé par nous concentrer sur 15 des squats les plus gros, pour que nous puissions apporter de la chaleur à un maximum de personnes. On se dépêche de les isoler du mieux qu’on peut, en couvrant les brèches et les trous pour les protéger du vent et en installant des poêles à bois. Beaucoup de gens utilisent encore des poêles à bois ici, donc le bois est facile à trouver. Aujourd’hui, nous avons assez de fonds pour acheter du bois pendant un ou deux mois [AidBrigade est financé par des dons privés, NDLR].

Des volontaires isolent des bâtiments et installent des poêles à bois pour protéger leurs occupants du vent et du froid. Crédit photo : AidBrigade.

"Les gens à Sarajevo sentent la douleur des réfugiés, ils ont eux-mêmes fait l’expérience de la guerre il n’y a pas si longtemps"

À l’exception de quelques cas où les voisins se sont plaint, les squats ont été très largement tolérés. Certains réfugiés ont peur et n’entrent dans les bâtiments qu’à la nuit tombée pour en sortir tôt le matin, mais dans d’autres squats les voisins leur donnent accès à l’eau et les laissent recharger leurs téléphones dans leurs maisons.

Les habitants de Sarajevo ont très bien réagi à la présence des réfugiés ; j’ai vu des locaux leur offrir une couverture ou un sac de riz. Ils sentent la douleur des réfugiés – après tout, ils ont eux-mêmes fait l’expérience de la guerre il n’y a pas si longtemps, leur situation fait donc ressurgir beaucoup de souvenirs.

Une livraison de bois pour les poêles. Crédit photo : AidBrigade.

Néanmoins, peu de réfugiés veulent rester en Bosnie, c’est extrêmement rare pour quiconque d’y obtenir l’asile. Les gens s’enregistrent comme demandeurs d’asile pour obtenir des papiers temporaires, mais les autorités ne laissent que très rarement les procédures aboutir.

Ces personnes sont là car beaucoup ne parviennent pas à aller en Croatie, bien qu’ils essaient encore et encore – certaines m’ont dit avoir échoué jusqu’à 30 fois. Certains migrants sont revenus blessés après avoir été frappés par des policiers.

Ils nous disent également que les policiers volent leurs papiers, leur argent et qu’ils cassent leurs téléphones. Ils sont donc contraints de revenir et se retrouvent coincés à Sarajevo ou dans des villes frontalières comme Bihac ou Velika Kledusha.

Les autorités bosniaques ont détecté plus de 21 000 nouvelles arrivées en Bosnie-Herzégovine entre janvier et octobre 2018, des chiffres en constante augmentation. Les Nations unies estiment qu’entre 4 500 et 6 000 réfugiés et migrants sont dans le pays et ont besoin d’aide. Un rapport récent du Haut Commissariat aux Nations unies estime que la procédure de demande d’asile est pleine de difficultés, incluant un nombre insuffisant de places dans les refuges, un manque de soins et l’obligation pour les demandeurs d’asile de fournir l’adresse de leur domicile.

Article écrit par Gaelle Faure.

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