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«Deutsch-les-Landes», la première série française d’Amazon, est un désastre

Ecrite par des auteurs des «Ch’tis», portée par Marie-Anne Chazel et Sylvie Testud, la première fiction du groupe américain, sur un choc culturel entre Français et Allemands, se révèle consternante. On dirait une mauvaise série romande

La fine équipe de la ville d’huîtres, avec deux Allemands au milieu. — © Amazon Prime Video
La fine équipe de la ville d’huîtres, avec deux Allemands au milieu. — © Amazon Prime Video

Amazon vient créer en France, et veut le faire savoir. Deutsch-les-Landes, la première série hexagonale du site américain, fait l’objet d’une massive campagne de promotion, même avec les vieux vecteurs, affichage et spots TV.

Face à Netflix, qui domine de manière écrasante le marché de la vidéo à la demande en ligne en France (hors Canal+), le grand magasin en ligne veut annoncer l’existence de son offre de vidéo par un coup: une comédie sur un choc des cultures entre Français et Allemands cosignée, avec d’autres, par Alexandre Charlot et Franck Magnier, auteurs de Bienvenue chez les Ch’tis en 2008. Le coup fait long feu, c’est peu dire: il est sidérant de voir pareil ratage en 2018.

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L’histoire: des Bavarois débarquent parmi les huîtres

Dans le sud-ouest de la France, une commune étouffe sous les dettes. La maire (Marie-Anne Chazel) doit augmenter les impôts, ce qui lui vaut des lancers de palettes métalliques ou de gros cartons par-dessus la barrière de sa maison – on est «gilets jaunes» façon corrida, au pays des flamants roses, c’est bien connu. Un millionnaire allemand, patron d’une boîte dont on ne sait pas ce qu’elle fait, se pose en deltaplane, et en catastrophe, sur la propriété de la maire. En fait, il a entendu parler de la commune par Chloé (Roxane Duran), employée française dans sa société, qui a grandi dans le bourg – ses parents sont les patrons de l’hôtel.

Le jovial Teuton achète le château local, ce qui résout le problème de dette. Mais qui en pose un autre: par la délocalisation du siège de la compagnie, il amène 200 Bavarois braillards dans la localité d’ostréiculteurs. La fronde éclate vite, emmenée par la mère de Chloé, incarnée par Sylvie Testud. La tension s’aggrave quand les envahisseurs buveurs de bière veulent faire abattre l’arbre des amoureux pour construire une route.

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Consternant dès la première minute

Deutsch-les-Landes se révèle navrante dès les premières minutes, avec un préambule de type France profonde honteux et pas drôle. Le village s’appelle Jiscalosse (oui…). La prof d’allemand prononce «Goethe» à la française. Ces épisodes de 26 minutes alignent les gags ratés, les dialogues trop écrits – ou pas assez –, les situations minables. On dirait une mauvaise série romande. Si au moins les auteurs jouaient vraiment la carte des malentendus culturels, des clichés réciproques, des quiproquos qui pourraient en découler; mais ils ne vont même pas dans cette direction, préférant la voie d’une comédie molle.

Des acteurs doublés

Comble du mauvais goût, alors que l’équipe, dirigée par le cinéaste Denis Dercourt, s’est donné la peine de tourner dans les deux langues – c’est une coproduction –, les acteurs allemands sont doublés, et pas sous-titrés. Ce qui rend l’ensemble tout à fait ridicule. De toute manière, même les acteurs français ont l’air doublés, tant ils sont engoncés dans leurs piteux dialogues.

Netflix a Marseille – mais d’autres vont venir; Amazon, Deutsch-les-Landes. Pour l’heure, les géants américains n’ont pas la main heureuse dans leurs choix en France.

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