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Moins d'impôts, plus de services publics : les contradictions des « gilets jaunes »

+ VIDEO. Les revendications des « gilets jaunes » dépassent largement la question du pouvoir d'achat qui a cristallisé le mouvement. Elles sont surtout irréalistes sur le plan budgétaire.

La difficulté du gouvernement à répondre à la crise des « gilets jaunes » vient de la multiplicité des revendications qui dépassent largement les taxes sur le carburant.
La difficulté du gouvernement à répondre à la crise des « gilets jaunes » vient de la multiplicité des revendications qui dépassent largement les taxes sur le carburant. (Patrick Hertzog/AFP)

Par Ingrid Feuerstein

Publié le 3 déc. 2018 à 15:46

Un SMIC à 1.300 euros nets, un minimum vieillesse de 1.200 euros, la retraite à 60 ans, l'indexation des retraites et des allocations sur l'inflation… Le tout en accordant plus de moyens à la justice, à la police, à la gendarmerie et à l'armée, en limitant à 25 le nombre d'élèves par classe et en mettant fin aux fermetures des petites lignes, de bureaux de poste, d'écoles et de maternités. Ce n'est pas une lettre au père Noël, mais bien un extrait des 42 revendications publiées par les « gilets jaunes », avant qu' une délégation soit reçue à Matignon vendredi. Issu de plus de 35.000 propositions recueillies sur Facebook, ce programme se résume par deux « propositions principales », selon le communiqué : « la baisse de toutes les taxes » et « la création d'une assemblée citoyenne ».

La difficulté du gouvernement à répondre à la crise des « gilets jaunes » ne vient pas uniquement du caractère déstructuré du mouvement. Elle tient aussi à la multiplicité des revendications, qui dépassent largement les taxes sur les carburants, et même le problème du pouvoir d'achat qui n'est arrivé que dans un second temps de la protestation. On y retrouve la question de l'indemnisation des élus, un meilleur traitement des personnes âgées en maison de retraite aussi bien que la fin du travail détaché, l'interdiction des délocalisations ou l'utilisation de l'argent du CICE pour financer le lancement d'une industrie française de la voiture à hydrogène.

VIDEO. Gilets jaunes, colère noire : tout ce qu'il faut savoir sur la grogne

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Référendum populaire

Le fonctionnement de notre démocratie est remis en cause. C'est ainsi que les « gilets jaunes » veulent faire entrer le référendum populaire dans la Constitution, où toute proposition recueillant plus de 700.000 signatures devrait être discutée à l'Assemblée nationale, puis être soumise au vote des Français. Le retour au septennat figure également dans cette liste à la Prévert, pour « faire entendre la voix du peuple », deux ans après les élections. Dans un premier temps, le mouvement demandait la suppression du Sénat, mais cette proposition avait disparu de la liste publiée jeudi soir.

Dans leurs préoccupations, il y a aussi la crise migratoire. Il faut que « les demandeurs d'asile soient bien traités », mais que « les déboutés soient reconduits dans leur pays d'origine ».

Soutien des Français

Nul ne s'est penché sur la faisabilité juridique de ces propositions, ni sur leur impact budgétaire. Cette question est secondaire pour les « gilets jaunes » qui souhaitent cesser de rembourser les intérêts de la dette en les déclarants « illégitimes ». Pour eux, l'Etat peut rembourser la dette « en allant chercher les 80 milliards de la fraude fiscale ».

Malgré ces contradictions et l'irréalisme de ce « projet », le mouvement bénéficiait toujours d'un soutien de la majorité des Français, du moins avant les violences de samedi. Le niveau d'adhésion varie en fonction de la façon dont est formulée la question. L'institut Ifop recensait 71 % de regards positifs le 29 novembre. Dans un sondage Odoxa publié la veille, 84 % des personnes interrogées jugeait le mouvement justifié.

Pour aller plus loin :

les « gilets jaunes »

Ingrid Feuerstein

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