La seconde erreur serait de croire qu’à ce stade la réponse à ce mouvement mal contrôlé peut encore être l’affaire d’une audience à Matignon, ou d’une réunion d’urgence à l’Elysée. Les prises de parole successives d’Emmanuel Macron ont montré que le président français n’est plus entendu, tout comme ses ministres. Plus grave: les Macroniens eux-mêmes semblent aujourd’hui murés dans le silence. Où sont les contre-manifestants? Où sont les vétérans de la «grande marche» de la campagne présidentielle? Leur silence – hormis celui des élus – est éloquent. Il dit le problème de fond. Cette éruption française n’est plus l’affaire du prix du carburant, du ratio de dépenses, ou du pouvoir d’achat. Il s’agit d’une rupture de confiance. Le chef de l’Etat se fracasse à chaque embardée sur de nouveaux récifs. Son navire élyséen est, on peut le regretter, frappé à la ligne de flottaison.
S’il ne veut pas que cette rupture de confiance entraîne une rupture des réformes et ne tue son quinquennat, Emmanuel Macron doit donc agir. Et vite. Comment? En s’adressant par des gestes forts aux catégories les plus révoltées: retraités, salariés modestes du privé, provinciaux blessés par les fractures des territoires. La plaie des «gilets jaunes» ne cicatrisera pas avec des coups de menton ou un état d’urgence. Vu l’ampleur du mouvement et les dégâts causés à l’image de la France, perpétuer le face-à-face n’est plus une solution.