Val-de-Marne : l’inquiétante explosion du nombre de bénéficiaires du RSA

10% d’augmentation en un mois. Le département vient de passer la barre des 40 000 allocataires du RSA. Les chiffres dévoilés lors de la Fête des solidarités sont alarmants.

 La fête des solidarités a attiré de très nombreuses familles pour célébrer gratuitement la fin de l’année, comme ici au gymnase Tabanelli à Champigny.
La fête des solidarités a attiré de très nombreuses familles pour célébrer gratuitement la fin de l’année, comme ici au gymnase Tabanelli à Champigny. LP/Laure Parny

    Venus fêter la fin de l'année dans une ambiance conviviale, les Val-de-Marnais qui ont participé par milliers à la Fête des Solidarités ce samedi ne se sont rendu compte de rien. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à devoir faire une demande de RSA pour survivre.

    Les chiffres dévoilés par le conseil départemental, qui a la charge du versement de ce revenu minimum, sont inquiétants. Rien qu'entre octobre et novembre, le nombre d'allocataires a encore augmenté de 10 %. « Nous avons dépassé les 40 000 bénéficiaires et d'ici à la fin décembre, la hausse sur l'année sera d'au moins 7 à 8 % par rapport à 2017 », regrette Christian Favier (PCF), président du conseil départemental.

    Déjà 10,1 M€ ajoutés au budget du Département

    Le département avait déjà dû ajouter 10,1 M€ au budget supplémentaire adopté début octobre pour le versement du RSA. Mais cela ne suffira pas. « 2017 avait été stable et là nous subissons un pic d'un coup, que l'Etat ne compense pas », se désole le président du Val-de-Marne.

    La hausse du nombre d'allocataires du RSA a d'autres conséquences. Le « chèque solidarité », devenu cette année « Val-de-Marne solidarité » et qui était il y a quelques années distribué lors de la fête des solidarités, est de plus en plus demandé. En 2017, 79 364 personnes l'avaient touché, ce qui était déjà un record. 64 800 personnes l'ont perçu cette année, mais la distribution est loin d'être terminée et ce triste record devrait être battu.

    « On a d'autant plus besoin de moments festifs »

    Les demandes de prestations, comme celles au fonds de solidarité habitat, augmentent également. Le département, qui « mise de plus en plus sur l'insertion par l'emploi dans des domaines très divers », comme le précise la conseillère départementale Jeannick Le Lagadec (FI), doit même agrandir ses espaces départementaux des solidarités. Comme à Sucy, où les locaux étendus seront inaugurés à la fin du mois.

    « On a d'autant plus besoin de moments comme celui-ci, où se retrouver pour nouer des liens », commente Céline, une assistante maternelle de Champigny, qui ne manque pas un rendez-vous de la fête des solidarités. Maquillage et jeux pour les enfants, bonbons et crêpes offerts à tous, concert de musique et démonstrations de sports ont offert une parenthèse aux visiteurs de la fête.

    « Ça change les idées, on oublie un peu les soucis du quotidien », confirment en chœur Patricia et Jeanine, qui apprécient « de boire un jus de fruit en discutant, sans rien avoir à débourser ».

    DE PLUS EN PLUS DE BÉNÉFICIAIRES AU SECOURS POPULAIRE

    Dans les associations aussi, on s'inquiète. Le Secours populaire français (SPF), constate ces dernières années, une nette augmentation du nombre de Val-de-Marnais venant solliciter de l'aide. « Les différents comités du département tels que Villiers et Chevilly-Larue nous ont demandé 50 % de dotations alimentaires supplémentaires issues du Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD) pour l'année prochaine », souligne Marie Heinly, coordinatrice départementale de l'association.

    La plus forte hausse concerne la demande d'aide alimentaire. L'an dernier, ils étaient 28 125 personnes à en bénéficier. 2 719 autres ont demandé une aide vestimentaire. Si tous les chiffres 2018 ne sont pas encore connus, Marie Heinly l'assure : « cette année, le nombre de bénéficiaires a encore largement progressé ». Autre source d'inquiétude : le nombre d'étudiants en grande difficulté. Fin novembre, ils étaient 123 à faire appel au SPF contre 100 en 2017. 23 % d'augmentation tout de même.

    La collecte annuelle des « pères Noël verts » a été lancée la semaine dernière. Renseignements ici.