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Plus d'une centaine de lycées bloqués

De Dijon à Nice en passant par Marseille ou Orléans, « cent à cent cinquante lycées » étaient bloqués partiellement ou totalement, ce lundi, selon le ministère de l'Education. Le syndicat UNL avait appelé à se mobiliser contre les réformes éducatives du gouvernement mais aussi contre le service national universel. La FIDL a appelé à une mobilisation nationale, jeudi.

Au lycée professionnel Jean-Pierre Timbaud à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), des jeunes ont mis le feu à des poubelles.
Au lycée professionnel Jean-Pierre Timbaud à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), des jeunes ont mis le feu à des poubelles. (AFP)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 3 déc. 2018 à 12:16Mis à jour le 3 déc. 2018 à 17:37

Dijon, Marseille, Nice, Orléans, Bourg-en-Bresse, Aubervilliers… « Cent à cent cinquante lycées » étaient totalement ou partiellement bloqués en France ce lundi, selon le ministère de l'Education qui parle de  « de situations très hétérogènes ». L'académie de Toulouse, où une quarantaine d'établissements ont été perturbés, a été la plus touchée, suivie de la région parisienne avec une vingtaine de lycées concernés selon l'AFP. A Dijon, environ 500 élèves ont défilé dans les rues de la ville, avec jets de pierres et tirs de grenades lacrymogènes. A Nice, près d'un millier de lycéens ont manifesté en soutien aux «gilets jaunes » aux cris de « Macron démission ! ». A Paris, le rectorat a comptabilisé une dizaine de tentatives de blocage, la plupart ayant été levés rapidement. Aucun établissement n'était entièrement bloqué et six ou sept lycées avaient un blocage filtrant, selon le rectorat.

« Il n'y a pas de raisons rationnelles de contagion » du mouvement des « gilets jaunes », a assuré lundi le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, sur « LCI », en affirmant que la réforme des lycées - contestée par plusieurs syndicats lycéens - avait nécessité « la concertation de très nombreux acteurs, dont 40.000 lycéens ». Le pourcentage des lycées bloqués est «très faible » au regard des 4.000 lycées sur le territoire et les blocages sont le fait d'« une toute petite minorité », a relativisé Jean-Michel Blanquer qui considère que « beaucoup de gens essaient de s'engouffrer dans la brèche de contestation des gilets jaunes pour tout et n'importe quoi ». 

Vendredi, des blocages et des rassemblements avaient déjà eu lieu, parfois avec des « gilets jaunes » , pour protester contre des réformes en cours dans l'Education nationale. Sur l'ensemble de la France, une trentaine d'établissements avaient été perturbés, selon des sources policières, avec des rassemblements qui avaient mobilisé 2.600 participants. L'Union nationale lycéenne (UNL) assure, de son côté, avoir mobilisé plus de 200 lycées.

« Le SNU va coûter des milliards »

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Le syndicat avait appelé à bloquer les établissements scolaires, ce lundi. L'UNL se mobilise contre Parcoursup , la réforme du bac et du lycée, et aussi contre le service national universel , projet-phare du quinquennat Macron. « Le SNU va coûter des milliards et des milliards, proteste le président de l'UNL, Louis Boyard, dans une vidéo postée sur Twitter. Cet argent doit être mis dans nos lycées, pour embaucher des professeurs plutôt que de supprimer des postes. Il doit être mis pour ouvrir des places à l'université. » Le syndicat, déjà très mobilisé contre Parcoursup l'an dernier, tente aussi de relancer la mobilisation contre le portail d'accès à l'enseignement supérieur.

Un autre syndicat, la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), a appelé à « rejoindre les ''gilets jaunes'', en vue d'une journée de mobilisation jeudi 6 décembre, après « une semaine de mobilisation, d'information, d'assemblée générale et de solidarité dans les lycées ».« On est submergés d'appels de lycéens qui souhaitent bloquer leur lycée », confie Marouane Majrar, vice-président de la FIDL.

« 80.000 euros à chaque lycéen, avec le SNU »

Le syndicat « s'oppose aux différentes réformes menées par le gouvernement » en matière éducative notamment, à commencer par la loi sur la réforme de la licence« qui a effroyablement instauré la sélection à l'entrée des universités ainsi que la réforme du lycée, qui se met en place de manière désordonnée et qui a pour conséquence de renforcer les inégalités dans les lycées ». La FIDL refuse aussi « la police dans les lycées », après les violences récentes au lycée Edouard Branly de Créteil (Val-de-Marne) : « Jean-Michel Blanquer a dit qu'il n'était pas hostile à l'instauration de policiers dans les lycées. Ce serait inacceptable », poursuit Marouane Majrar. 

A la différence de l'UNL, la FIDL ne s'en prend pas « pour l'instant » au service national universel (SNU) : « On attend de voir quelles seront les propositions ». Le syndicat voudrait que le SNU débouche sur « un capital de 80.000 euros à chaque lycéen, pour débuter dans la vie sans précarité », insiste Marouane Majrar. Le syndicat a rendez-vous mercredi au secrétariat d'Etat à la Jeunesse. Dans l'entourage de Gabriel Attal, on indique que les syndicats SGL, UNL, FIDL et UNL seront reçus cette semaine « pour maintenir un dialogue constructif ». L'UNL et le SGL sont aussi attendus au cabinet de Jean-Michel Blanquer, au ministère de l'Education nationale.

«Hooliganisme »

Dans plusieurs lycées, la contestation ne vient toutefois pas des représentants lycéens habituels, commente Philippe Vincent, secrétaire général du principal syndicat de proviseurs, le SNPDEN : « Nous avons essayé de dialoguer, mais nos interlocuteurs habituels ne maîtrisent pas grand-chose », confie-t-il. Qu'y a-t-il derrière ce mouvement ? « Rien, c'est cela le problème, poursuit-il. Les lycéens contestataires commencent par se réclamer des ''gilets jaunes'' puis évoquent la réforme des lycées, et un méli-mélo de raisons dans lesquelles il est assez difficile de démêler l'essentiel de l'accessoire. Il n'y a pas de leader. Tout cela rend la tâche compliquée car le mouvement est beaucoup plus éruptif. »

Au lycée Jean Perrin de Marseille, dont Philippe Vincent est le proviseur, des affrontements entre une cinquantaine de lycéens (sur les 2.400 scolarisés dans l'établissement) et les forces de l'ordre ont, lundi matin, « tout de suite viré à l'hooliganisme et à une situation très tendue ». La police a répliqué à coup de « grenades lacrymogènes et de flash-balls », indique Philippe Vincent.

Marie-Christine Corbier (@mccorbier)

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