Ce n'est pas la question la plus sympa avec laquelle commencer la semaine, et pourtant, on semble bien forcer de se la poser.


Une robe pour le respect ?

Depuis qu'elle a été postée par Ogilvy, l'agence de communication qu'il l'a réalisée la vidéo "The Dress for respect" où la robe pour le respect a été vue plus de 90 mille fois sur Twitter. Il s'agit en fait d'une campagne publicitaire commandée par le groupe Schweppes. "Pour Schweppes, la nuit peut-être pleine de grands moments. Mais avec du respect". La naissance de cette robe équipée de capteurs qui monitorent le nombre de fois où une femme a été touchée sans son consentement est dû au chiffre dramatique qui explique que 86 % des femmes brésiliennes ont été victimes de harcèlement en boîte de nuit. 

Un chiffre qui peut en effarer certains mis qui n'étonnera pas beaucoup les femmes. Mais qui est contesté, là-bas, comme ailleurs par ceux qui estiment que le chiffre ne colle pas à la réalité. "Je pense qu'elles se plaignent juste... À propos de tout", va même jusqu'à dire un homme interviewé dans la vidéo. 

Pour avoir des données irréfutables sur le sujet, Ogilvy a équipé 3 femmes de sa fameuse robe ; manches longues et col cheminé - un style qui permet aussi aux réactionnaires de ne pas accuser la robe d'être trop "aguicheuse". En 3 h et 47 minutes, les trois femmes auront été touchées de manière inappropriée 157 fois. Sois plus de 40 fois par heure. Mais l'expérience ne s'arrête pas ici. Par la suite, l'agence a fait visionner la vidéo à certains des hommes présents à la soirée, qui devant les faits semblent hallucinés.

Les vêtements : meilleurs amis des femmes ?

Plus globalement, cette robe trouve une place déconcertante dans le vestiaire de la mode technologique. Il semble que tous les ans, une armée de nouveaux gadgets se lève pour lutter contre le harcèlement et les violences sexuelles contre les femmes. L'application qui, lorsque l'on secoue son téléphone, envoie un message d'alerte à ses proches, le vernis à ongles qui en changeant de couleur permet de repérer si de la drogue a été mise dans son verre... Si à première vue, ils peuvent sembler être de bonnes idées, ils mettent aussi la responsabilisation de lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles sur les épaules des femmes. 

La technologie plus fiable que les femmes ?

S'il est toujours bien d'avoir des preuves irréfutables et des manières de contrer les harcèlement(s) que subissent les femmes, on ne peut s'empêcher d'être un peu irritées après le visionnage de cette vidéo. Combien de femmes, si on les écoute, peuvent raconter, avec ou sans humour, des anecdotes de soirées similaires ? 

Et si nombreux sont ceux à avoir relevé que ces données montraient parfaitement que les hommes devaient retravailler leur comportement dans l'espace public, la nécessité de leur existence met également en avant le fait que la parole des femmes ne suffit pas. Elle doit encore être appuyée ; décortiquée. Une femme doit prouver, aujourd'hui encore, qu'elle ne ment pas. La vérité ne tient-elle qu'à une robe ?