Procès du Levothyrox : "C’est scandaleux ! On nous fait passer pour des fous alors qu’on était malade", s'indignent les plaignants

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Jean-Luc Boujon, édité par Grégoire Duhourcau
Le procès au civil du Levothyrox s'est ouvert lundi à Villeurbanne, près de Lyon. Les 4.113 plaignants reprochent un défaut d'information au laboratoire Merck au moment du changement de formule de son médicament.

Les malades de la thyroïde ont-ils été suffisamment informés du changement de formule de leur traitement ? C'est la question à laquelle doit répondre le procès au civil du Levothyrox, qui s'est ouvert lundi à Villeurbanne, près de Lyon. Au total, 4.113 patients attaquent le laboratoire pharmaceutique Merck pour défaut d'information au moment du changement formule. Ce médicament contre l'hyperthyroïdie avait alors provoqué d'importants effets indésirables secondaires (fatigue, maux de tête, insomnies, vertiges…) chez quelque 31.000 patients en France.

"Honte à Merck !" Les plaignants ont été particulièrement choqués lundi après-midi par la plaidoirie de l'avocat de Merck, qui a nié tout défaut d'information de la part du laboratoire. Une bronca a accompagné la fin de sa prise de parole, dont certains passages ont été hués. Les victimes, qui étaient environ 250 à être présentes physiquement dans la salle d'audience, étaient littéralement révoltées. "Honte à Merck ! Pourquoi on a changé de formule ? Vraiment, c’est une honte !", s'est exclamé Simone au micro d'Europe 1.

"Il n’y a pas de faute dans l’information qui a été délivrée", plaide l'avocat. Maître Jacques-Antoine Robert a rappelé les 300.000 actes de communication de Merck vers les médecins et les pharmaciens et martelé un message réfutant toute idée de négligence et de manque d'information. "Il n’y a pas de faute dans l’information qui a été délivrée par les laboratoires Merck. Et la qualité du produit, qui vient d’être autorisé pour toute l’Europe et tout le marché américain après la crise française, montre bien que la sérénité est revenue", argumente-t-il.

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"Les laboratoires ne veulent rien reconnaître". L'avocat de Merck a par ailleurs mis en doute la réalité de certains symptômes chez des patients. "C’est scandaleux ! On nous fait passer pour des fous alors que je vous assure qu’on était malade. Mais les laboratoires ne veulent rien reconnaître. Tout est faux ! J’ai eu des idées suicidaires alors que j’ai des petits-enfants que j’adore, j’ai une famille que j’adore. Ça vient du médicament mais ils ne veulent pas le reconnaître", témoigne Marie-Noëlle. C'est donc avec un profond sentiment de mécontentement que les victimes sont rentrées chez elles après l'audience. Les 4.113 plaignants devront attendre jusqu'au mois de mars prochain pour savoir si Merck sera condamné à leur verser, à chacun, une indemnité de 10.000 euros.