Le chancelier autrichien veut ajuster le revenu minimum des immigrés

Sebastian Kurz veut baisser l'équivalent autrichien du RSA pour les immigrés dont le niveau d'allemand ne serait pas assez bon.

Le Parti populaire autrichien veut baisser le revenu minimum pour certains immigrés. Seuls ceux qui maîtrisent l’allemand y auront droit en totalité.

Jusqu’à présent, le revenu minimum (équivalent du RSA en France) était géré par les Bundesländer (régions) en Autriche. Aujourd’hui, sa gestion sera centralisée, afin « d’éviter la fraude ». Ainsi, Vienne compte ainsi contrer sa réputation de « paradis social ».

Le Conseil des ministres autrichien a donc commencé à rédiger une proposition sur le revenu minimum. Le projet de loi suivra dans la semaine et sera examiné pendant six semaines.

La nouvelle loi cadre prévoit un montant maximum de 863 euros pour les particuliers et de 1 208 euros pour les couples. Ceux qui ont une mauvaise connaissance de l’allemand devraient en recevoir un tiers de moins.

Dans les villes particulièrement chères, des aides supplémentaires sont prévues, toutefois plafonnées à 30 % du revenu minimum.

La baisse du revenu minimum sera limitée pour les mères célibataires, qui perçoivent déjà un supplément par enfant. Les personnes en situation de handicap garderont elles aussi leur supplément forfaitaire. Ce sont surtout les familles nombreuses qui vont décaisser : à l’avenir, seuls 43 euros seront versés pour le troisième enfant.

« Les pousser à aller travailler »

Avec cette mesure, le gouvernement autrichien souhaite avant tout « pousser les gens au travail ». Le nouveau revenu minimum entend toucher « ceux qui ne veulent pas s’intégrer et qui peuvent travailler, mais ne veulent pas ».

À titre d’exemple, 50 % des Autrichiens gagnent moins de 1 800 euros nets par mois. De ce fait, les parents de familles nombreuses n’ont aucun intérêt à travailler, selon Vienne. Le nouveau revenu minimum est censé mettre un terme à cette situation.

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Pour le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, il s’agit d’une réforme urgente qu’il justifie par les chiffres. En effet, l’Autriche compte plus de bénéficiaires du revenu minimum que d’habitants du Land de Burgenland, dont un sur deux est étranger.

Il dénonce ainsi une « immigration massive dans le système de sécurité sociale ». C’est pourquoi un « système plus équitable » avec des incitations au travail est en cours d’élaboration.

Critiques de tous bords

Le vice-chancelier d’Autriche, Heinz Christian Strache, du même parti que Sebastian Kurz, accuse le parti social-démocrate (SPÖ) anciennement au pouvoir d’avoir induit un modèle injuste, qu’il convient maintenant « de corriger ».

Sera introduite une période d’attente de cinq ans pour les « touristes sociaux de l’UE ». Cependant, le revenu minimum ne concerne pas seulement les personnes venant de l’étranger : « le revenu minimum ne doit pas non plus dégénérer en hamac social. Pour personne, pas même pour les Autrichiens. »

Les réactions à la proposition varient. Les Verts réagissent violemment et rejettent fermement cette réforme. Dans l’opposition, les syndicalistes du SPÖ critiquent vivement le texte, tandis que le puissant maire de Vienne, Michael Ludwig, reste en retrait. Lui souhaite avant tout que des pourparlers soient organisés avec les Länder pendant la période d’évaluation. Des discussions sont prévues jusqu’au début de l’année prochaine.

Les détracteurs de la proposition soulignent que cette nouvelle règle pourrait ne pas être conforme au droit européen qui interdit la discrimination indirecte à l’encontre des demandeurs d’asile, sauf pour « motifs importants ». Cependant, le refus de travailler et le mauvais niveau d’allemand pourraient bien en être, selon Walter Obwexer, expert juridique de l’UE.

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