C’est l’ONU qui a tiré la sonnette d’alarme mardi. L’Afghanistan se voit confronté à une sécheresse comme le pays n’en a jamais connu. Pour acheter de la nourriture ou éponger des dettes, certains décident de « vendre » leur enfant en mariage, comme l’explique « Le Monde ». Depuis quatre mois, le Fonds des Nations unies pour l’enfance ( Unicef) a constaté que cela a déjà été le cas pour 161 enfants, vivant dans les provinces de Herat et de Badghis, dans l’ouest du pays. Parmi ces enfants, une très grosse majorité de filles (6 garçons seulement auraient été vendus). Mais ce qui interpelle également, c’est leur âge. Ces enfants auraient entre un mois et seize ans. « Le Monde » rapporte que ces informations ont été confirmées par une porte-parole de l’Unicef, Alison Parker.  Ils sont « fiancés, mariés ou... vendus car leurs parents étaient endettés », et cela même tout petit. « Avant la sécheresse, plus de 80 % des ménages étaient déjà endettés », précise Alison Parker qui rappelle au quotidien du soir que « la pratique du mariage des enfants est en quelque sorte une norme sociale enracinée en Afghanistan ».

 « Les femmes doivent se taire. C'est une tradition chez nous. »

Des chiffres ? 35 % de la population observerait cette pratique, note l’AFP. Et dans certaines provinces, le chiffre grimpe jusqu’à 80 %. Le fléau des mariages précoces touche le pays depuis des années, et menace également l’éducation des petites filles. En 2015, une Afghane de 18 ans avait ému le monde entier avec son rap pour dénoncer les mariages forcés. « Laissez-moi murmurer ces mots. Personne ne doit m'entendre parler des filles que l'on vend. Ma voix ne doit pas être entendue, car elle est contre la charia. Les femmes doivent se taire. C'est une tradition chez nous » : c’est ainsi que débutait son morceau.
 
La situation actuelle révolte les associations de défense des femmes. « C’est très, très choquant », s’est ainsi exclamée Suraya Pakzad, qui dirige l’association Voice of Women en Afghanistan. « Les gens ont désespérément besoin d’aide. Particulièrement de nourriture », a-t-elle insisté. Trois millions d’Afghans risquent en effet la famine. Glaçant.