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Une transplantation d’utérus d’une donneuse décédée aboutit à une naissance

Toutes les greffes d’utérus prélevés post mortem, soit une dizaine, avaient échoué avant cette première mondiale réalisée au Brésil.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 décembre 2018 à 02h06, modifié le 05 décembre 2018 à 06h35

Temps de Lecture 3 min.

Premier bébé né d’une transplantation d’utérus provenant d’une donneuse décédée, à Sao Paulo, le 15 décembre 2017.

Le premier bébé conçu grâce à un utérus transplanté chez une femme infertile à partir d’une donneuse décédée est né il y a un an au Brésil, révèle une étude publiée mercredi 5 décembre dans la revue britannique The Lancet.

Sept mois après la naissance, la petite fille allait bien. Elle pesait 7,2 kg et était toujours nourrie au sein par sa mère, également en bonne santé, précise l’Hôpital universitaire de Sao Paulo qui a conduit la greffe, en 2016.

C’est la première fois qu’une transplantation d’utérus à partir d’une donneuse décédée aboutit à une naissance, et c’est également la première naissance avec greffe d’utérus en Amérique latine. Depuis la première greffe d’utérus d’une donneuse vivante, en 2013, en Suède, trente-neuf transplantations ont été réalisées dans le monde, dont onze ont conduit à une naissance.

Réservoir de donneurs plus vaste

Toutes les greffes d’utérus prélevés post mortem, soit une dizaine aux Etats-Unis, en République tchèque et en Turquie, avaient échoué avant cette première mondiale.

« Le recours à des donneurs décédés pourrait élargir considérablement l’accès à ce traitement. Nos résultats apportent la preuve que cela peut fonctionner, pour offrir une nouvelle option aux femmes frappées par une infertilité d’origine utérine », a déclaré le docteur Dani Ejzenberg, qui a dirigé l’étude.

« La seule grossesse survenue après une greffe d’utérus prélevé post mortem date de 2011 en Turquie » et elle s’était soldée par une fausse couche, observe le docteur Srdjan Saso, du département obstétrique de l’Imperial College de Londres.

« Cette démonstration réussie présente plusieurs avantages par rapport à la greffe à partir de donneur vivant : elle s’appuie sur un réservoir de donneurs potentiels plus vaste, coûte moins cher et évite les risques pour le donneur vivant. »

Pour le professeur Andrew Shennan, obstétricien au Kings College de Londres, l’opération réussie « ouvre la voie au don d’utérus post mortem, comme c’est le cas pour d’autres organes » ce qui « permettrait aux femmes qui ne peuvent concevoir un bébé du fait d’un utérus défaillant de porter leur propre enfant, plutôt que de dépendre de donneurs vivants, ou de recourir à l’adoption ou à une mère porteuse ».

10 h 30 d’opération

L’opération s’est déroulée en septembre 2016. La maman qui a reçu l’utérus avait alors 32 ans. Souffrant du syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser, elle était née sans utérus. L’utérus greffé provenait d’une femme de 45 ans décédée d’un accident vasculaire cérébral (AVC) et donneuse de plusieurs organes. L’opération a duré au total dix heures et demie et elle a été suivie d’un traitement immunosuppresseur pour éviter le rejet du greffon. Cinq mois plus tard, la patiente avait des règles normales.

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La grossesse est survenue après le premier transfert d’embryon unique, obtenu par fécondation in vitro, sept mois après la greffe. Elle s’est déroulée sans encombre jusqu’à la naissance par césarienne à trente-six semaines de gestation, le 15 décembre 2017. Les médecins ont préféré un accouchement légèrement prématuré pour plus de sécurité.

Le bébé pesait 2,550 kg à la naissance et était en parfaite santé. L’utérus greffé a été retiré pendant la césarienne, de façon à arrêter le traitement immunosuppresseur, très lourd, et l’enfant et la maman ont quitté l’hôpital au bout de trois jours.

10 % à 15 % des couples infertiles

Les auteurs de l’étude soulignent que la greffe d’utérus post mortem peut ouvrir de nouvelles possibilités d’autant que beaucoup de pays ont déjà des systèmes de régulation des dons d’organes post mortem.

En France, sur 6 105 greffes réalisées en 2017, l’essentiel provenait de donneurs morts, et seulement 629 de donneurs vivants (rein et foie). En 2017, 23 828 patients ont été en attente d’un organe.

L’infertilité affecte 10 % à 15 % des couples en âge de procréer dans le monde. Parmi les femmes touchées, on estime qu’une sur 500 présente une anomalie de l’utérus. Pour elles, l’adoption et le recours à une mère porteuse sont les seules solutions en l’absence de greffe.

Le Monde avec AFP

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