En marge des mobilisations lycéennes qui émaillent le territoire, deux manifestants ont été très gravement blessés par des lanceurs de balles de défense utilisés par les forces de l’ordre. D’après nos informations, l’un des deux, à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), a été touché au niveau de la bouche par ce «super flash-ball» utilisé à une vingtaine de mètres par les forces de l’ordre et a eu la joue arrachée. Il est actuellement au CHU de Gonesse.

Le second, à Saint-Jean-de-Braye, a été touché à l’arcade sourcilière et son pronostic vital n’est plus engagé, d’après les dernières informations de l’AFP. Il a été transféré à l’hôpital de La Source d’Orléans depuis les abords du lycée Jacques Monod.

«Il est très choqué mais sa vie n’est pas en danger.»

D’après nos informations, le blocage du lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse avaient été organisé par les élèves en grande partie pour protester contre Parcoursup. Cette manifestation a ensuite dégénéré lorsque des jeunes de 16 à 20 ans du coin, certains étant des anciens du lycée, se sont joints à la mobilisation et ont brûlé une poubelle et un arbre dans l’enceinte de l’établissement. «Nos élèves se sont alors retrouvés entre les policiers et certains jeunes qui lançaient des cailloux aux forces de l’ordre, explique au Figaro une enseignante présente au moment des faits. Un peu avant 10 heures, la proviseure est rentrée dans les bâtiments avec cet élève, Hassan*, qui avait le visage en sang, déchiqueté par le tir de flashball. Le Samu est venu le chercher très rapidement. Il est très choqué mais sa vie n’est pas en danger.»

Très choquée comme le reste du corps enseignant, cette enseignante précise que ce lycéen était un bon élève de terminale S qui ne faisait pas partie des fauteurs de trouble. «Nous n’avons jamais eu de problème avec lui au lycée».

«Nous n’avons jamais connu un tel déferlement de violence»

«Nous n’avons jamais connu un tel déferlement de violence, déplore auprès de La République du Centre Valérie Baron, proviseure du lycée Jacques Monod de Saint-Jean-de-Braye. Même à l’époque de la mobilisation contre le CPE (en 2006, ndlr), nous n’avons pas connu de telles scènes.» D’après le quotidien régional, la situation aurait dégénéré devant le lycée aux alentours de 10 heures ce mercredi matin et les manifestants n’étaient pas nécessairement des élèves du lycée. «Nous avons été confrontés à une situation de crise grave aux abords du lycée, poursuit la proviseure. Dans ce groupe, nous n’avons pas reconnu d’élèves de notre établissement». Le lycée est sous tension depuis plusieurs jours et les forces de l’ordre étaient d’après notre source à bout de nerfs à force de recevoir des jets de pierres et projectiles.

Lycée Jacques Monod de Saint-Jean-de-Braye.Serge

«Ce que l’on sait», a déclaré à un correspondant de l’AFP le procureur de la République d’Orléans, Nicolas Bessone, «c’est qu’un certain nombre de jeunes étaient en train de commettre des dégradations devant le lycée Monod (...) Certains jeunes sont venus au contact, les policiers nationaux ont d’abord fait usage de gaz lacrymogène avant que l’un d’eux n’utilise son lanceur de balle de défense. Un jeune âgé de 16 ans a visiblement été touché au front et a chuté au sol. Il a été évacué vers le Centre hospitalier d’Orléans», a indiqué le magistrat.

Partout en France et notamment en Île-de-France, des mobilisations ont éclaté devant les lycées. Dans l’académie de Marseille, vingt lycées ont été bloqués ou perturbés. Dans celle de Créteil, 24 d’entre eux étaient pris pour cible par ces manifestants. Quatre policiers ont été blessés à Paris, et cinq personnes interpellées pour dégradations et jets de projectiles au lycée François Villon (14e arrondissement).