► Les « jeunes pousses » du numérique sont-elles un monde d’homme ?

Oui. Les femmes représentent 33 % des emplois, ce qui n’est pas négligeable. Mais elles sont moins nombreuses au niveau des dirigeants et surtout moins bien financées. Sur les cinq dernières années, les fonds investis dans des start-up co-fondées par des femmes n’ont représenté que 2,6 % du total investi.

Certaines sont en vue, comme Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi, Roxanne Varza qui dirige la Station F ou Alice Zagury, créatrice de l’incubateur The Family. Mais les premiers de cordées de la French Tech sont tous des hommes comme Octave Klaba (fondateur d’OVH), Ludovic Le Moan (créateur de Sigfox), Xavier Niel (dirigeant d’Iliad), Frédéric Mazzella (Blablacar), Fred Potter (Netatmo) ou Jean-Baptiste Rudelle (Criteo).

« Nous n’avons pas encore notre Sheryl Sandberg » (la numéro 2 de Facebook qui est un modèle de réussite dans le numérique aux États-Unis, NDRL), regrette Agathe Wautier, cofondatrice de The Galion Project. Ce club de 220 entrepreneurs qui rassemble quelques-unes des entreprises françaises de poids, telles Blablacar, Criteo ou Scality. Elles emploient ensemble 35 000 salariés et ont levé plus de 2,5 milliards d’euros au total.

► Comment les professionnels veulent-ils inverser la tendance ?

Cela se joue dès l’école puisque les femmes sont moins nombreuses à aller vers des formations scientifiques. Mais cela se joue aussi à l’intérieur des entreprises où le fait d’être une femme ne doit pas être un obstacle à une promotion.

« The Galion project » a ainsi présenté mercredi 5 décembre une charte de 25 engagements, souscrit par ses 220 membres. Les signataires s’engagent à viser 30 à 40 % des femmes dans leurs entreprises ; à « faire passer les entretiens d’embauche par des équipes mixtes » ; à faire la chasse aux « expressions connotées » qui sont typiques de la culture très masculine des développeurs ; à avoir « zéro tolérance pour les propos, plaisanteries et comportements sexistes, culpabilisants et dévalorisants dans le cadre professionnel » ; et encourager la prise du congé légal de paternité.

« Nous sommes convaincus que la mixité est un vecteur de croissance. Or seulement 27 % de nos membres ont une femme dans leur comité de direction et seulement 20 % des entreprises sont dirigées par des femmes », relève Agathe Wautier.

De leur côté, des femmes entrepreneurs regroupées au sein du mouvement Sista appellent les fonds à consacrer au moins 10 % de leurs ressources à des start-up créées par des femmes. Aujourd’hui, c’est seulement 7 %. Selon Sista, cela vient notamment du fait que « les équipes qui décident sont à 90 % masculines ».