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Médias

Mur des cons : le journaliste Clément Weill-Raynal assume sa vidéo

Alors que la présidente du Syndicat de la magistrature au moment de l'affaire du Mur des cons est devant les juges, le journaliste Clément Weill-Raynal qui avait filmé le Mur des cons donne sa version des faits. Il était hier cité comme témoin.

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L'ancienne présidente du Syndicat de la magistrature le 29 octobre 2015 à Paris

Mise en difficulté par le film tourné dans les locaux du Syndicat de la magistrature par Clément Weill-Raynal, Françoise Martres est devant les juges.

AFP/Archives - PATRICK KOVARIK

Le 23 avril 2013, le site libéral Atlantico publie la vidéo dite du « mur des cons » : elle va provoquer débats et indignation dans les médias et dans le public durant des mois. Envoyé par la chaîne qui l’emploie, France 3, au Syndicat de la magistrature pour interviewer sa présidente, Françoise Martres, le journaliste Clément Weill-Raynal en est ressorti muni d’une courte vidéo tournée sur son téléphone portable. Le Mur des cons affiche dans les couloirs du syndicat les visages agrémentés de noms d’oiseaux et d’injures de deux pères de victimes, dont le général Schmidt, père d’Anne-Lorraine Schmitt, assassinée en 2007 dans le RER D, et Jean-Pierre Escarfil, père d’une victime de Guy Georges assassinée en 1979, et de personnalités diverses, de Alain Minc à Gilbert Collard en passant par l’ancien magistrat Philippe Bilger, les journalistes Eric Zemmour ou David Pujadas, les hommes politiques Edouard Balladur ou Philippe de Villiers. Le scandale est énorme. Plusieurs personnalités mises en cause ont porté plainte.

Clément Weill-Raynal, lui, a été entendu en tant que témoin hier soir 4 décembre à partir de 19h30 et durant deux heures par les magistrats chargés de l’affaire.

Comment a-t-il tourné cette vidéo ? Pas de manipulation, dit-il à Challenges, ni de commande obscure, mais une succession de hasards. « Je ne devais pas y aller, j’ai remplacé quelqu’un au pied levé à la demande de ma hiérarchie. J’ai fait mon boulot, j’ai rempli ma mission à l'époque en interviewant la présidente, mais je suis alors à mille lieues de penser à l’époque que ce petit film fera autant de bruit ». Weill-Raynal évoque un statut, celui de « lanceur d’alerte ». « Ils ne sont pas seulement à Libération, au Canard enchaîné ou au Monde, ils sont parfois à Atlantico ou ailleurs ».

Mais l'homme est évidemment questionné sur ce film explosif. En filmant ce panneau sans l’autorisation expresse de la présidente du syndicat Françoise Martre, Weill-Raynal a-t-il respecté le code de déontologie des journalistes ? C’est un code à géométrie variable, répond-il. Weill-Raynal cite les nombreux tournages en caméras cachée réalisés pour Cash Investigation, par exemple, chez France Télévisions. « Quand le majordome de Françoise Bettencourt, qui enregistre l’héritière à son insu, donne ses enregistrements à Médiapart, tout le monde trouve cela très bien », remarque-t-il. Clément Weil Raynal ironise sur les médias de Corée du Nord. « Oui j’ai regardé là ou on me demandait de ne pas regarder », assume-t-il. Son iPhone est pour lui une sorte de carnet de note moderne. Il photographie ce qu’il voit.

Lynchage médiatique

Deuxième question, soulevée dès l’origine de l’affaire. Weil-Raynal ne devait-il pas à son employeur France Télévisions la primeur de ces images finalement diffusées par Atlantico ? Auprès de Challenges, le patron des rédactions de France Télévisions, Thierry Thuillier, aujourd’hui à TF1, avait précisé en 2013 qu’il aurait publié les images mais dans un sujet contradictoire, dans lequel la présidente du syndicat de la magistrature aurait pu se défendre. Le journaliste assure l’inverse.

« Après trente ans de France Télévisions, j’avais l’intuition que ces images ne soulèveraient pas un enthousiasme délirant, dit-il. Du reste, trois semaines plus tard, lorsqu’Atlantico les publie et que je soumets le sujet en interne, on me dit que cela n’a aucun intérêt ». Le journaliste ne dit pas à l’époque à sa hiérarchie à France Télévisions qu’il est l’auteur des images, « par crainte que cela me soit reproché », dit-il. « C’est ce qui s’est passé (une fois sa responsabilité révélée, ndlr) : le SNJ et la CGT ont diffusé des tracts réclamant ma tête, non pas pour avoir privé la maison d’un scoop mais bien pour l’avoir sorti. J’ai subi une campagne de presse et de lynchage de la part de certains ».

Devant la cour, Weill-Raynal a évoqué le respect des sources. « Atlantico a autant le droit au respect des sources que Médiapart ou le Canard enchaîné », rappelle-t-il. Ces images, il les a transmises à un ami, dit-il, elles lui ont alors échappé, atterrissant, après Atlantico, sur les sites du Figaro et du Point.

Weill Raynal tient sa ligne. Lorsque l’avocat de Françoise Martres l’accuse de manipulation, le journaliste rappelle qu’il n’est pas le prévenu : « Je suis cité comme témoin, Françoise Martres est sur le banc des accusés, ne changez pas les meubles de place », ironise-t-il en audience. L'homme qui a plombé le Syndicat de la magistrature pour longtemps n'a aucun regret. « Je parle de ce qui s’est passé sans rougir, précise-t-il à Challenges, et j’en suis même un peu fier ».

 

 

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